Bande dessinée
Fantastique de Benjamin Lacombe
Soleil 2005 / 12.50 €- 81.88 ffr. / 48 pages
ISBN : 2845658885
FORMAT : 23 X 32 cm
Un fantôme chinois
Attention, c’est une histoire triste : Setsuko, fille d’un empereur, est promise au prince Xiao Ping… mais convoitée par Daikoku, le dieu de la Mort, elle est transformée en fantôme la veille de ses noces, et enfermée dans un temple qu’elle hante depuis… Triste sort pour la belle princesse, qui recherche dans chaque visiteur son amour perdu. Avec ce nouvel album, le lecteur accompagne Setsuko dans son calvaire, découvrant peu à peu une Chine nouvelle : celle du XVIe siècle et de l’arrivée des premiers européens, des « diables blancs » avec lesquels il va falloir cohabiter, commercer (et plus si affinités). Puis, dans un bond (regrettable), la Chine du XXe siècle, de l’invasion japonaise et de la seconde guerre mondiale : intervenant dans la vie des vivants (en prenant possession des uns et des autres, au risque de détruire des vies), Setsuko tente de comprendre cette nouvelle époque et ses bizarreries (comme les kamikaze), tout en recherchant, à travers les cycles de réincarnation, à retrouver son grand amour.
L’album est sympathique, déjà par son thème : l’histoire d’un esprit attaché à un temple, et condamné – pour découvrir le monde – à hanter, posséder des vivants sans forcément les comprendre. Il y a là une idée intéressante et qui mériterait de plus amples développements (entre le XVIe et le XXe siècles, il se passe des choses intéressantes, non ?), d’autant que le lecteur, comme Setsuko, découvre progressivement les règles de cette vie fantomatique. Un heureux mélange de fantastique et d’exotisme oriental dans la foulée des histoires de fantômes chinois. Quant au graphisme, il est intéressant, mais semble encore en devenir : Benjamin Lacombe est partagé entre plusieurs inspirations et se cherche, entre mangas et ligne claire. Il y a un charme réel à assister à cette évolution, et l’on sent bien que, au fur et à mesure de l’album, l’auteur s’approprie un style et un univers très personnel. Bref, voilà une belle variation orientale sur un thème classique, celui de l’amour fantomatique (cf L’aventure de Mme Muir), une variation à suivre et à développer.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/11/2005 )
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