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Bande dessinéeet Fantastique  

L'Armée des anges (tome 3) - La larme du diable
de Thomas Fenton et Steven Cummings
Les Humanoïdes associés 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2731616636
FORMAT : 24 x 32 cm

Que fait Dieu ?

Mieux que l’apocalypse nucléaire ou la bombe écologique, Armaggedon est sans doute la fin du monde la plus originale, l’affrontement ultime entre l’Enfer et le Paradis avec la terre comme décor, et l’humanité comme champ de bataille (sympa !). Mais voilà, imaginez que dans ce scénario millénaire et sacré, un accroc se produise : un mortel, Kane, parvient à s’approprier une arme tellement puissante (significativement appelée "la larme du diable") qu’elle menace le trône de la Création même, au point qu’anges et démons se sentent obligés de s’allier contre son porteur… Renversement complet de la situation, d’autant que Kane rallie à lui des anges et des démons renégats à leur propre camp… Le ciel et l’enfer ont du souci à se faire, mais dans ce schéma anarchique, c’est encore l’humanité qui joue les outsiders ; en particulier Jason Ash et Reyna, hantés par des visions, seuls à même de comprendre la teneur du conflit qui se joue à l’insu des mortels. Et par un coup du destin, la guerre du péché place l’humanité au cœur de l’action (une fois de plus !), l’affaire ne pouvant se régler qu’entre mortels. Dieu a un sens de l’humour bizarre !

C’est une version BD, et plutôt musclée, des Ailes du désir, le magnifique film de Wim Wenders : l’humanité est environnée d’anges et de démons qui interviennent dans l’existence de chacun, pour le meilleur ou pour le pire. Mais cette fois-ci, c’est le sort de l’humanité qui est en jeu. L’ensemble demeure sympathique en dépit d’un changement d’équipe en cours de route : remplaçant Jamal Igle aux pinceaux, Steven Cummings s’est facilement approprié l’histoire et le monde de L’Armée des anges. La transition se fait sans difficultés et les amateurs de la série ne seront pas dépaysés par le changement de dessinateur. On retrouve les longues silhouettes encapuchonnées de pourpre (genre moine guerrier) des anges et des déchus, les armes dorées, les pouvoirs étranges et l’aspect hiératique des serviteurs divins, que l’apesanteur gêne modérément. Cummings se montre assez à l’aise dans les scènes de combat et d‘action, très cinématographiques (avec  hommage à Matrix ? – le temps qui suspend son vol) : il y a là une inspiration manifeste et plutôt bienvenue. Un bémol concernant l’arme ultime elle-même, la larme du diable, qu’on aurait souhaité plus impressionnante, tant dans la forme que dans les effets (un genre Excalibur puissance mille) : c’est une question de point de vue, mais cela fait un peu « cheap » pour l’arme la plus puissante qui soit. Quant au scénario de Thomas Fenton, s’il est parfois un peu elliptique (contrainte de format ?) et demanderait plus de précisions (quid de l’organisation angélique ?), il se tient bien jusqu’au dénouement final, qui appelle une suite (?) : la guerre entre le bien et le mal peut reprendre, ouf !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 18/03/2006 )
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