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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Démons d'Alexia (tome 3) - Yorthopia
de Benoît Ers et Dugomier
Dupuis 2006 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-8001-3785-1

Entre Poudlard et X-Files

Rien ne va plus pour Alexia, jeune et charmante chercheuse du CRPS, ce centre d’étude un peu bizarre qui s’occupe de phénomènes surnaturels : dans les deux précédents albums, elle s’était découvert une vocation d’exorciste ainsi qu’une aptitude – familiale – à la sorcellerie… c’est déjà beaucoup de s’intéresser scientifiquement à la sorcellerie dans un laboratoire peuplé de fous homicides, de doux hurluberlus et autres inquisiteurs, mais si en plus, on est soi-même impliqué dans le phénomène, la vie risque de devenir difficile. Expulsée du CRPS du fait de ses pouvoirs grandissants, pourchassée comme sorcière et comme objet d’étude, Alexia ne doit son salut qu’à quelques amis (du moins faut-il l’espérer).

Partie en mission dans une île norvégienne frappée d’une étrange malédiction, elle doit à la fois dénouer une intrigue diabolique au sein d’une communauté hostile, tout en tentant d’échapper à ses poursuivants… et si en plus, elle pouvait accéder à Yorthopia, cette dimension occulte dont l’entrée est désormais accessible, ce serait parfait ! Mais le chemin qui mène à Yorthopia est semé de dangers et d’embûches, et les guides ne sont peut-être pas forcément ce qu’ils paraissent…

Comme les précédents, cet album est très réussi, tant visuellement que scénaristiquement, et témoigne de la complicité efficace des auteurs, qui nous emmènent dans un univers parfaitement contrôlé, impeccablement maîtrisé. Le récit sait osciller entre le thriller occulte (ici : une série d’inhumations et de morts bizarres dans une île de Norvège, Flergen : occasion pour les auteurs – et l’héroïne - de se frotter à une communauté fermée, repliée sur ses traditions et ses mystères) et le conte fantastique contemporain (via la trame générale de la première série, la réouverture de la porte qui mène à Yorthopia, la dimension occulte, dont le CRPS est à la fois l’entrée et le gardien), avec, en toile de fond, le destin d’Alexia, écartelée entre son patrimoine de sorcière de Salem et son identité d’exorciste. Les péripéties s’enchaînent en rythme et l’on se prend à regretter d’en être déjà à la fin de l’album, alors qu’il reste tant de questions (vivement la suite). Quant au graphisme de Benoît Ers, la référence à Spirou revient constamment à l’esprit, tant dans le style, les décors que pour les personnages (Alexia serait-elle une cousine de Sécotine ?), mais dans un cadre cette fois plus mûr, plus adulte, où l’on croise des cadavres et de vrais assassins.

Enfin, le lecteur impatienté par deux albums prometteurs, parvient à cette dimension magique qu’est Yorthopia… De fait, ce ne sont que les premiers pas d’Alexia dans un monde magique, mélange de Piranèse et de Escher, dont il faut espérer qu’il sera à la hauteur des attentes des lecteurs : mais au regard de la qualité de la série, qui ne se dément pas d’album en album, on peut cheminer tranquille, la magie de Ers et Dugomier fera le reste.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 31/05/2006 )
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