Bande dessinée
Fantastique de Pierre Wazem et Frederik Peeters
Les Humanoïdes associés 2006 / 9.45 €- 61.9 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-1792-6
FORMAT : 22,5 x 29,7 cm
Fantômes et écorchés
Le précédent épisode de Koma clôturait une première trilogie riche en événements et en rebondissements scénaristiques. Au final, la petite Addidas s’était fait un nouvel ami, le gros monstre noir du fin fond de la cheminée, et retrouvait son père lui-même échappé du Grand Trou. Suite à cette semi-conclusion, la gageure était de pouvoir faire repartir la machine sans perdre en route des lecteurs convaincus que le principal était dit.
Pari réussi, puisque avec ce dernier album, Pierre Wazem et Frederik Peeters parviennent habilement à faire rebondir l’action, et surtout renouvellent adroitement leur univers : on quitte en effet rapidement la ville enfumée et ses indénombrables cheminées pour rejoindre cette campagne de légende dont rêvait Addidas dès le premier épisode. Certes, ce qu’on appelle campagne dans le monde de Koma est loin de l’idéal champêtre que l’on imagine. Ici, c’est d’abord un paysage sinistre et froid, puis un vaste ciel bleu avec au fond un inquiétant manoir perdu au milieu des nuages, le fameux hôtel qui donne son titre à l’album. C’est dans cette drôle de bâtisse dont les dimensions changent à chaque ouverture de porte, qu’Addidas et ses compagnons de fortune vont faire d’étranges rencontres. Et les questions sur la maladie de la fillette se multiplient lorsqu’elle tombe nez à nez avec deux enfants présumés morts, affligés des mêmes maux qu’elle… Quant au gros monstre, il est fait prisonnier par d’obscurs individus dont un particulièrement porté sur le maniement du scalpel…
On le voit, l’ennui n’a pas sa place dans cette nouvelle livraison. Depuis le début de la série, l’impression est nette, le scénario est bel et bien accompagné d’une constante improvisation, Pierre Wazem laissant libre cours à son inspiration poétique. Le fait de changer complètement de décor dès la moitié de ce nouvel opus apporte ici une bouffée d’air à l’univers cafardeux des premiers épisodes.
C’est dans un hôtel digne de celui de Shining que les héros de la série débarquent, et après le quotidien parfois kafkaïen des précédents épisodes, c’est dans un fantastique gothique que les auteurs viennent chercher l’inspiration. L’horreur pure est aussi au rendez-vous, preuve que Koma ne s’adresse pas vraiment aux plus jeunes, avec deux planches d’anthologie sur la meilleure manière d’écorcher vif un être vivant. Les âmes sensibles passeront leur chemin, les autres savoureront ces constants changements d’ambiance et ces multiples humeurs qui font de la série l’une des plus plaisantes du moment. D’autant que le dessin de Peeters, accompagné une fois de plus avec élégance par les chaudes couleurs d’Albertine Ralenti, reste toujours aussi admirable et d’une belle aisance. Une valeur sûre !
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 03/06/2006 )
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