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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Enfants du Crépuscule (vol. 1) - Peur sur la ville
de Massimo Semerano et Marco Nizzoli
Les Humanoïdes associés 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 2-7316-1750-0
FORMAT : 24 x 32 cm

Quand on arrive en ville…

Alice et son petit frère Polo arrivent à Crôme, la grande ville, à la recherche de leur grand frère, Caleb… pour découvrir que ce dernier, poète désargenté en rupture de ban, vit dans une sorte de ghetto, « le cloaque » où il s’aigrit lentement. Cela ressemble à du Dickens : le cadre (une grande ville de la Révolution industrielle, un tantinet gothique sur les bords, entre Londres et Gotham City), l’attention portée à l’enfance malheureuse, aux questions sociales (à Crôme, on va bientôt voter et la lutte est féroce), tout cela semble projeter le lecteur dans un XIXe siècle alternatif. Mais voilà, Polo ressemble plus à un écureuil qu’à un être humain, et du reste, à Crôme, une partie de la population est constituée de monstres, plus ou moins bien acceptés (tolérés plutôt), qui naguère terrorisèrent les humains, mais qui aujourd’hui en sont réduits à mendier ou voler. Bienvenue dans un univers steampunk mâtiné de fantastique, original et percutant.

Et à Crôme, l’ambiance est rien moins que calme : la ville est déchirée entre les partisans de Brown et ceux de Kramer, tous deux candidats au poste de gouverneur. Kramer, partisan d’une politique d’extermination des monstres, paraît prêt à tout, jusqu’à mettre la cité à feu et à sang en agitant les haines et les peurs. Mais allié à Trimarkos, un savant aux allures de zombi et aux projets bien tortueux, sait-il vraiment où il va ? À Crôme, chacun semble poursuivre un but bien précis : qui l’emportera dans ce duel entre races et entre politiciens ? Et surtout, Alice parviendra-t-elle à empêcher la transformation de son petit frère en « monstre », condamné au ghetto ?

Massimo Semerano signe, avec Les Enfants du crépuscule, un premier album français au ton résolument original, et réussi, dans une ambiance qui n’est pas sans rappeler le très délirant Horologiom de Fabrice Lebeault (Delcourt). L’attention portée aux personnages et aux dialogues augure bien pour une série construite comme un roman autour d’un univers très cohérent, qui se dévoile peu à peu, sous les yeux du lecteur, passant (comme dans des chapitres) d’Alice à Trimarkos. Il est servi par le trait magistral de Marco Nizzoli, lequel, révélé par Le Jour des Magiciens (Les Humanoïdes associés) fait une fois de plus la démonstration d’un talent et d’une fantaisie très transalpine (on le rapprocherait assez facilement d’un Manara, mais également d’un Moebius, voire d’un Miyazaki, tant l’inspiration pour certaines créatures serait à chercher du côté du mangaka). Ce premier tome est d’emblée séduisant et prometteur, une invitation à arpenter les ruelles de Crôme.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 09/06/2006 )
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