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Bande dessinéeet Fantastique  

Sans Dieu (vol.3) - Le Pic du vautour
de Olivier Hug et Denis Medri
Les Humanoïdes associés 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 2-7316-1673-3
FORMAT : 24x32 cm

Sans dieu et sans reproche

Olivier Hug est un scénariste vicieux, c’est-à-dire un bon : depuis deux albums, il entraîne son lecteur aux basques d’une petite équipe, dans un monde en pleine décomposition, à la recherche de la phalange d’une hypothétique divinité censée changer le cours des événements. En effet, le royaume de Kanel – où vivaient en paix plusieurs races fantastiques – est assailli par des envahisseurs cruels, les Lythons (genre orques locaux) peu amènes mais singulièrement efficaces. Il faut dire aussi que la divinité protectrice de Kanel est morte. Alors l’idée géniale, c’est de se trouver une nouvelle divinité. Une courageuse équipe multicarte (un guerrier, un prêtre, une magicienne, un voleur, un marin) se lance dans cette quête, traversant des territoires ravagés par la guerre, découvrant des lieux anciens hantés par la magie, et finalement, découvrant un artefact magique (une relique divine capable de ramener un dieu à la vie). Mais voilà, l’inconvénient avec les reliques, c’est qu’on ne sait pas vraiment à qui elles appartiennent… Et si au lieu d’un dieu, on réveillait un dingue ? Quand je vous dis qu’Olivier Hug est un vicieux ! Abandonner ainsi le monde Kanel… À moins que…

En tous les cas, il y a des séries qui ne varient pas en qualité, voire qui progressent en ce domaine, et Sans dieu est de celles-là. C’est une histoire d’alchimie, une rencontre entre un auteur et un dessinateur, un univers qui se met en place, des idées qui s’emboîtent, des personnages, des situations, qui finissent par devenir naturels, et s’imposer. C’est tout à fait ce type d’expérience que connaît le lecteur de cette excellente série fantastique qui reprend tous les cadres d’un univers médiéval-fantastique (races bizarres sur un schéma humain/nain/orque/elfe, systèmes de magies divers, quête initiatique) et toutes les recettes d’un bon jeu de rôle (bagarre, exploration, découverte, révélation…). Le scénario d’Olivier Hug, enlevé, fonctionne à la perfection : décors bizarres et grandioses (après la cité souterraine, l’île mystérieuse et le temple perdu), adversaires puissants, alliés inattendus, et points de vue variés (le lecteur passe du héros à ses ennemis). Efficace. La touche de talent passe également par un graphisme riche, poétique comme celui de Denis Medri : imagination débordante, sens de la mise en scène, du rythme (notamment dans les divers combats) et des couleurs, et surtout sensible au côté spectaculaire du genre. Le fantastique permet toutes les audaces, et Medri ne s’en prive pas : dans cette livraison, les hommes-baleines sont assez bluffants.

Bref, voilà une série qui reste de très haut niveau, principalement parce que ses auteurs se font plaisir, maîtrisent parfaitement leur univers, et que cela se voit. Alors vogue la galère, même avec un dieu fou.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 19/12/2006 )
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