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Bande dessinéeet Fantastique  

Elias le Maudit (tome 2) - La Peste rousse
de Sylviane Corgiat et Corrado Mastantuano
Les Humanoïdes associés 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 978 2 7316 1678 1
FORMAT : 24x32 cm

Dur dur d’être Elias

Avant d’être Elias le maudit, l’homme qui a perdu jusqu’à son visage et risque l’enfer, Elias fut un roi dur et un conquérant impitoyable… On se rappelle ses tracas (luttant contre Melchior, un magicien retors, Elias avait perdu jusqu’à son identité), mais ce second tome revient sur le roi Elias, personnage aussi peu sympathique, dans le genre sévère (très) mais juste (ce qu’il faut)… et puis « cruel, arrogant, avide de conquête ». Engagé depuis sur un véritable chemin de Damas, Elias part en guerre contre la magie, aidé d’une scientifique, Evangele, qui semble sortie tout droit d’une aventure du Vagabond des limbes. Mais dans un monde dominé par les magiciens, la croisade d’Elias fait figure de folie, même aidé par de puissants alliés. Et lorsque Elias, ivre de vengeance, s’attaque à Melchior (deuxième round), devenu le conseiller de Saval Ier, un roitelet sans caractère mais puissant, l’issue semble de nouveau incertaine, et la fuite inévitable, dans les bas fonds de la cité. Et peut-être la solution à tous les maux (la peste rousse, la malédiction de Melchior..) se cache-t-elle dans les méandres des profondeurs, où vivent d’étranges créatures…?

On avait découvert avec le premier tome d’Elias le maudit une série fantastique remarquable, alliant un univers de fantasy classique et efficace, quelques trouvailles originales (la magie du « jeux des corps célestes »), un héros bien torturé (Elias, guerrier sauvage en quête de rédemption) et un graphisme ébouriffant… Tous les amateurs attendaient sans inquiétude, mais avec impatience, le second tome. Pari tenu pour le duo Corgiat-Mastantuono, qui signe là une série fantastique parmi les plus réussies du moment. On voudrait pouvoir trouver une faiblesse, un point à critiquer, mais mis à part le temps entre deux albums, rien à redire (ou alors si, peut-être, la couverture de ce nouvel album : non, Elias n’est pas un adepte du SM !). Le personnage central, dans ses ambiguïtés, est une réussite, les seconds rôles sont à leur place, alternant un humour discret et un soutien sans faille, le méchant est encore plus méchant que le héros, et le décor (un monde pourri par la magie et gangrené par une épidémie étrange, la peste rousse) très réussi. Sylviane Corgiat jongle entre les séries, mais elle a su donner à celle-ci, d’emblée, un ton particulier, mélange de stéréotypes attendus et d’audaces formelles. Servi par le graphisme riche, percutant de Corrado Mastantuono (qui rappelle un Cyrus Tota au mieux de sa forme) et l’excellent travail des couleurs de Pierre Matterne, l’album conserve la touche de talent qui le distingue et en fait une série à suivre pour tous les amateurs d’heroic fantasy.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 06/02/2007 )
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