Bande dessinée
Fantastique de Sylvain Runberg et Boris Talijancic
Dupuis - Empreinte(s) 2007 / 13 €- 85.15 ffr. / 56 pages
ISBN : 9782800137995
FORMAT : 24x32 cm
L’Europe en 794
Dans la famille viking, Thorgal n’est désormais plus seul… Avec « La peine du serpent », premier tome d’une série nordique, Hammerfall, les amateurs de civilisations viking et de récits historico-fantastique vont pouvoir reprendre un coup de drakkar.
Tout commence par un raid viking sur une île anglaise habitée par des moines : l’opération est rapide, violente et efficace. Les moines sont tués et la relique qu’ils protégeaient est volée… En ce temps là, il ne fait pas bon être chrétien et prier un dieu d’amour… On pourrait alors croire que l’album va surfer sur le stéréotype du viking, pirate cruel, et enfiler ainsi des perles mais il n’en est rien : voici venir le revers de la médaille. Peu après ce raid, un village viking est assailli lors des noces d’Harald et de la belle Lina. Les Svears, comme ils se désignent, sont vaincus et emmenés en esclavage, non sans une certaine cruauté (le chef du village, tué dans l’assaut, est exhibé nu en tête de son peuple) par des chrétiens : Francs, Saxons, Svears renégats… menés par Bjorn le beau, viking exilé pour sa cruauté, et Arno, un prêtre interloqué par tant de violence… L’Europe de Charlemagne se construit et il ne fait pas bon de s’y opposer, viking ou pas. Bref, l’envers du décor pour l’Europe chrétienne. Commence donc pour Lina et Harald un voyage, douloureux vers le nord, loin de la liberté, à la rencontre des Skanes, des peuples forestiers aux allures de trolls plutôt que d’humains. L’album se conclut sur une touche fantastique prometteuse…
Le haut moyen âge, et le conflit entre le christianisme et les anciennes religions, le thème des vikings et d’une persistance de la magie retranchée dans les peuplades reculées, voilà de quoi construire une intrigue riche et haute en couleurs. Et de fait, cette histoire d’amour et de vengeance qui commence dans la violence semble promise à un bel avenir. Le scénario de Sylvain Runberg est à la fois original (pour une fois, les Chrétiens sont les méchants, et non plus les victimes) et bien rythmé (et pourtant, l’intrigue de ce premier tome est plutôt courte puisqu’il s’agit de poser le décor pour une fresque médiévale-fantastique), amenant discrètement le surnaturel et les éléments historiques nécessaires (du reste, il y a un index des termes). Même si le dessin de Boris Talijancic, réaliste et très sensible aux détails, manque un peu d’originalité (les visages notamment, assez indistincts), l’ensemble se laisse lire et l’on attend avec bienveillance et curiosité une suite dans le royaume magique des Skanes.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/04/2007 )
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