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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Hérésiarques (vol.2) - Les Sentiers invisibles
de Carlos Portela et Das Pastoras
Les Humanoïdes associés 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7316-6136-1
FORMAT : 24x32 cm

En terre étrangère

C’est un mythe ancien : Orphée a perdu son Eurydice et part jusqu’aux portes des Enfers pour la retrouver… Un mythe séduisant transposé par Carlos Portela et Das Pastoras dans un univers bizarre, fantastique, jodorowskien même. Orphée s’appelle Agon, Eurydice est cette fois Aldara. Sacrifiée à Madorak (rien à voir avec Goldorak, mais plutôt avec Marduk, divinité assyrienne), un dieu injuste, Aldara attend, dans les limbes, une hypothétique délivrance… Quant à Agon, accompagné de Beluch, l’homme-lion, il traverse les territoires et les enfers en quête du trophée qui lui permettra de franchir les portes de la mort et de ramener l’âme de sa bien aimée. Mais c’est sans compter Madorak, bien décidé à empêcher un happy end et capable, pour cela, de ressusciter le pire ennemi d’Agon, son rival.

Il y a dans cette série comme un air de Jack Vance – un écrivain de SF plus passionné par la description des sociétés extra-terrestres que par les aventures de ses personnages – tant le monde d’Agon est original, extra-terrestre (tant la faune, que la flore ou bien les races qui peuplent ce monde), un brin onirique, un peu barré par moments, voire franchement hermétique. Carlos Portela, manifestement très inspiré, entraîne le lecteur dans un voyage étonnant, à la découverte d’une société étrange pas toujours compréhensible, avec ses religions, ses rituels, son commerce, ses races variées aux capacités particulières, sa magie… Dans cette équipée, le scénariste est largement servi par Das Pastoras qui, après Castaka (chez le même éditeur), fait la démonstration d’un talent réaliste dans la foulée d’un Gimenez ou d’un Corben. Pourquoi alors quitte-t-on cet album sans être vraiment entré dans l’histoire, sans trop suivre Agon ni même s’identifier un tant soit peu à l’un des personnages ? Si la beauté plastique des images est indéniable, elle ne parvient toutefois pas à transformer l’ambiance, trop originale ou hermétique, et qui demeure insaisissable. Un bel album, mais plutôt une curiosité qu’une réussite.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/05/2007 )
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