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Bande dessinéeet Fantastique  

Noirhomme (tome 1) - Ouverture
de Antoine Maurel , Hamo et Benoît Bekaert
Casterman - Ligne d'Horizon 2007 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-203-39271-7
FORMAT : 22,6x30,3 cm

Pacte avec le diable

C’est une histoire d’inspiration et de création. C’est aussi une histoire d’affirmation de soi et de révolte contre l’autre. Le Noirhomme, inquiétant personnage au visage décharné, promène sa sombre silhouette dans quelques lieux de la ville et hante les vies de plusieurs hommes ; il les pousse à se révéler, à aller au bout de leurs destinées, quitte à finir seuls ou aliénés. Il y a d’abord le jeune Alceste, ancien journaliste à La Vie française, prompt à dégainer quelques articles polémiques, jusqu’au jour où il rencontre la fille d’un banquier véreux qu’il pistait. L’amour est plus fort, Alceste stoppe ses investigations et se range du côté de beau-papa. Mais c’est sans compter l’influence de Noirhomme, l’homme qui rit, qui multiplie visites impromptues et encouragements virulents à l’adresse d’Alceste pour que ce dernier retrouve sa plume acide et dénonce les scandaleuses manigances du riche financier.
Plus tard, c’est un écrivaillon de 2 mètres, fervent admirateur d’Hugo, qui reçoit la visite de l’étrange Noirhomme. Ce Horla mystérieux convainc le scribouillard du dimanche d’écrire sans se soucier des autres, de se laisser aller à son inspiration et le succès suivra. C’est un marché. De dupes peut-être ? Qui sait ? ce premier tome, comme son titre l’indique, est une ouverture, un long prologue qui pose plus de questions qu’il n’en résout et développe plusieurs intrigues à la suite. Le chaînon manquant de chaque épisode, c’est ce Noirhomme épouvantable mais charismatique, sorte de fantôme de l’opéra au sourire figé qui réveille chez ses proies l’appât du gain et de la renommée, et conclue des marchés faustiens qui laissent présager des suites plus douloureuses.

Antoine Maurel concocte pour son premier album une œuvre fantastique menée avec talent, empruntant aux grands romans du XIXe et ancrée dans un univers habilement reconstitué de petites rues pavées et d’ambiance gothique. C’est le Paris de Rastignac et de Sue, celui d’un Hugo encore jeunot mais déjà impétueux et bouillonnant, une ville baignée dans un fantastique angoissant du meilleur goût et révélant une belle atmosphère de romantisme décadent. Le dessin soigné de Hamo et la palette inspirée de Benoît Bekaert finissent de faire de ce premier tome un agréable moment de lecture.

Un premier album plutôt réussi, pas forcément original dans sa thématique, mais qui a le mérite de tenir en alerte et de laisser plusieurs questions en suspens. La suite est donc agréablement attendue, ne serait ce que pour savoir si le Noirhomme porte un masque ou s’il est véritablement défiguré…

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 17/07/2007 )
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