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Bande dessinéeet Fantastique  

Trolls de Troy (tome 10) - Les enragés du Darshan
de Scotch Arleston et Jean-Louis Mourier
Soleil 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2849468500
FORMAT : 23,4x32,3 cm

La fureur du troll

Il y a des rituels dont on se passerait difficilement : l’escale bi-annuelle sur Troy en fait partie, tant à l’époque de Lanfeust qu’à celle de Teträm, troll de son état. C’est donc avec une certaine satisfaction que l’on empoigne la dixième livraison des Trolls de Troy, « les enragé du Darshan », suite des aventures de la famille Teträm au Darshan. Et une première constatation s’impose : le format diptyque est vraiment des plus agréables, bien plus satisfaisant que le one-shot. On retrouve nos héros égarés et plutôt mal-en-point, isolés dans un continent lointain où les trolls sont blancs et pactisent avec les humains… et la situation, à la fin de l’album précédent (« Prisonniers du Darshan ») était effectivement délicate. Waha emprisonnée, Teträm et Pröfy en attente de sacrifice… Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? En l’occurrence, il s’agissait de délivrer Gnondpom et Tyneth, aux prises avec une dame Meshantä, impératrice cruelle et lointaine cousine de Cruella Denfer, qui rêve d’un manteau en peaux de petits trolls. La situation, tragique, suppose bien évidemment force rebondissements et une large distribution de baffes, qu’à cela ne tienne ! Un seul conseil : ne vous attachez pas trop aux personnages humains : ils ont une durée de vie trop courte pour les sentiments…

Un peu comme les Gaulois de Goscinny, les Trolls de Mourier et Arleston s’en sortent toujours, et souvent de la même manière (la violence, gratuite de préférence). Dans ce dixième album, on reprend donc l’excursion au Darshan, la région asiatique de Troy. Et bien évidemment, Mourier comme Arleston se lâchent dans la parodie asiatique : entre Tyneth aux prises avec un maître shaolin (obéis, petit scarabée…), Waha et les délices du harem à la nippone (dans le genre geisha poilue et cannibale…), les courses en pousse-pousse à la mode Jackie Chan ou même le duel final godzillesque, on peut dire que la parodie est de taille (« hénaurme »), avec toujours la même complicité manifeste entre le scénariste et le dessinateur. Et une fois de plus, la recette marche impeccablement : le graphisme vaut autant pour son sens de la démesure que pour son goût du détail délirant, ou de l’arrière-plan à suivre. Le scénario, picorant à diverses sources (du manga au film d’auteur japonais), passe à la moulinette tous les clichés et les stéréotypes de la culture asiatique. Le tout saupoudré d’un humour bon enfant et sympathique qui est l’un des charmes de la série. Un bon cru donc, qui réjouira les amateurs du cycle et qui, il faut l’espérer, officialise le principe des aventures ethnologiques des Trolls sur la planète Troy.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 09/09/2007 )
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