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Bande dessinéeet Fantastique  

Les Enfants du crépuscule (vol.2) - Vent de panique
de Massimo Semerano et Marco Nizzoli
Les Humanoïdes associés 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2731619454
FORMAT : 24x32 cm

Les monstres se rebiffent

A Crôme, les choses vont de mal en pis : Crôme c’est cette ville étrange, décor des Enfants du crépuscule. Il y a quelques mois, Alice et son frère Polo y débarquaient, en quête de leur grand frère Caleb et d’un remède à la transformation progressive de Polo en monstre. En effet, une partie de l’humanité est peu à peu transformée en hybride, moitié homme, moitié bête… et classiquement rejetée par le reste de l’humanité, qui les déteste et les craint. Un premier album, aux trousses d’Alice et de son petit frère, présentait la ville, ses habitants, ses injustices, ses conflits politiques, ses crises sociales… et s’achevait sur la capture de Polo et la déroute des hybrides. Acte 2.

On passe désormais de la politique musclée au terrorisme : décidément rejetés par tous, menacés par le nouveau gouverneur Kramer et son homme de main Trimarkos, à la tête d’une armée de zombis, les hybrides délaissent les urnes pour la révolution. Menés par Merrik, un homme éléphant courageux et borné, les résistants se préparent à combattre les forces de l’ordre. Alice, toujours à la recherche de Polo, navigue entre les humains et les hybrides, rejetée et tenue en suspicion par les uns comme par les autres : certes, un mystérieux savant s’intéresse à elle, mais saura-t-il l’aider. Quant à Trimarkos, il trâme dans l’ombre un sombre projet qui semble menacer les intérêts des uns et des autres… Une seule certitude, le pouvoir est en train de vaciller à Crôme, la révolution se prépare, et Alice est au cœur de toutes les intrigues.

Avec ce deuxième tome, on retrouve les charmes du premier épisode : un univers un peu bizarre, vaguement steampunk mis en scène par Marco Nizzoli (Le Jour des Magiciens) dans la tradition graphique d’Outremont, dans un style à mi-chemin entre Manara et Miyazaki, empreint d’une poésie un peu sombre, un peu torturée. Couleurs grisâtres, silhouettes imprécises des hybrides à l’humanité toute intérieure. Quelques belles créations parmi les révolutionnaires, empruntant au monde des insectes ou à celui des abysses : Nizzoli aime à imaginer des mélanges improbables, bien plus délirants que ceux du Dr Moreau et de sa célèbre île. Bizarrement, la ville s’efface devant l’intrigue, ce qui est un peu dommage, tant les décors étaient efficaces dans le premier tome pour dévoiler la maladie de la ville elle-même. Quant au scénario, il surfe sur le thème révolutionnaire (mais les hybrides font des révolutionnaires d’opérette, pas très doués…), sur fond de complot improbable. La figure la plus accomplie est – classiquement – celle du méchant, de Trimarkos, aux allures quasi-cartoonesques. Pas de manichéisme toutefois chez Massimo Semerano : les hybrides ne sont pas forcément de gentilles victimes et des révolutionnaires épris de justice, les humains peuvent être à la fois mesquins, racistes, et capables de compassion comme de courage… Une seule certitude, le monde est compliqué et Alice ne sait trop à quel saint se vouer. Bref, un nouvel opus dans la veine du précédent, bien sympathique, au service d’une intrigue bien menée et solide. À suivre.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/09/2007 )
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