L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Adam au Chromaland (vol. 1) - Le musée de l’imaginaire
de Alex de Campi et Luigi Di Giammarino
Les Humanoïdes associés 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 9782731617849
FORMAT : 24x32 cm

La nuit au musée

La nuit, tous les chats sont gris dit-on… mais qu’en est-il des peintures et autres œuvres d’art ? En fait, elles vivent dans une dimension un peu spéciale, Chromaland, où, rassemblées, elles se reposent de leurs poses figées et diurnes. Sous le règne bienveillant du roi blanc, les œuvres d’art vivent une vie tranquille dans un décor formé par tous les imaginaires des artistes présents et passés… Oui, mais ! Comme dans n’importe quel jardin d’Eden, il existe un serpent, en l’occurrence le prince Grise qui, dépité de ne pas avoir été désigné comme héritier, entend bien s’emparer de force du Chromaland, en le réduisant à l’état d’une bouillie grise et sinistre. Le monde de la beauté – de toutes les formes de beauté artistique – et de la couleur est menacé et le seul espoir du peuple de Chromaland réside dans un petit garçon, Adam, à l’imaginaire riche, un élu qui s’ignore encore. Une mission est donc confiée à un hibou venu de chez Magritte, ainsi qu’à une ballerine imaginée par Degas : ramener Adam au Chromaland et le préparer à sa mission, vaincre Grise et ramener sur le trône l’héritière légitime.

Indiscutablement, le scénario d’Alex de Campi est original, surprenant : si le thème des tableaux qui s’animent, la nuit venue, est un classique (cf. Le Roi et l’Oiseau, chef-d’œuvre du genre), la création du Chromaland, sorte d’immense réserve délirante pour le conservateur d’un musée universel et imaginaire, est une jolie trouvaille. Il est vrai que la mise en scène de Luigi Di Giammarino, dont le graphisme, très « ligne claire », rappelle Manara et toute cette école transalpine au style précis et subtil, participe beaucoup du plaisir de lecture. Rien de grave si l’histoire démarre doucement (il s’agit de planter le décor, sans hâte) : la lecture se perd dans la contemplation des mille et un détails du Chromaland, à la recherche des nombreuses références artistiques (la liste en est fournie en annexe de l’ouvrage) et l’on se surprend à rêver d’une visite de ce pays fantasque, envahisseur ou pas.

Bref, une belle variation sur le thème de l’art et de la bande dessinée, pour une série très prometteuse, et qui s’adresse tant aux amateurs d’art qu’un détour vers le 9e art ne rebute pas (c’est un peu le principe ludique des « Charlie » : retrouvez, dans le peuple du Chromaland, quelques œuvres connues), que vers les fans de bandes dessinées (de 7 à 77 ans…) c’est un conte tout à fait sympathique pour de jeunes lecteurs) en quête de références plus classiques. Un hommage à l’Art, sans préjugés sur ses diverses formes.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/10/2007 )
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