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Bande dessinéeet Fantastique  

Thorgal (tome 30) - Moi, Jolan
de Yves Sente et Grzegorz Rosinski
Le Lombard 2007 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
FORMAT : 22,2 x 29,5 cm

Aegirsson père & fils

Le titre de l’album l’annonce clairement : c’est lui, Jolan, qui reprend le flambeau. Thorgal est rentré chez lui et peut désormais espérer couler des jours tranquilles. Il aura pourtant fallu pour cela un sacrifice (voir l’album précédent) : celui de son fils. Pour que Thorgal puisse jeter l’ancre, Jolan a en effet dû obéir à la volonté du demi-dieu Manthor et partir dans l’Entremonde. Loin des siens, il devient le personnage principal de la suite de la série, qu’inaugure ce 30ème tome, tout juste trente ans après la naissance de Thorgal dans les pages du journal Tintin.

Le dessein de Manthor n’est pas encore très lisible. Que veut-il faire de Jolan ? Pour l’instant, celui-ci doit remplir une première mission : rejoindre le château de son nouveau maître avant que le soleil de l’Entremonde ne se couche deux fois. S’il y parvient, peut-être aura-t-il le « destin exceptionnel » que Manthor le laisse entrevoir. Mais Jolan n’est pas seul : il rencontre bientôt d’autres adolescents qui poursuivent le même but. D’une manière très classique, ils feront face à quelques épreuves en chemin, lors desquelles le caractère de chacun sera révélé : bien que rivaux a priori, puisqu’il n’y aura qu’un seul élu, les adolescents devront pourtant se serrer un minimum les coudes pour avancer.

Pendant ce temps, Thorgal annonce à Aaricia et à Louve la nature du sacrifice de Jolan. Si Thorgal semble résigné, Aaricia ne l’entend pas de cette oreille ! Elle décide d’aller voir une vieille femme dont elle espère qu’elle pourra la renseigner sur les desseins de Manthor. Les révélations de cette dernière tombent à point nommé, en fin d’album, pour réveiller le lecteur qui pourra s’être laissé bercer jusque-là par un récit certes pas désagréable, mais très conventionnel et attendu.

Les deux plans de la narration alternent tout au long de l’album, avec une voix off à la première personne pour ce qui concerne Jolan, comme dans Le Mal bleu : une façon, sans doute, d’insister sur la première place que prend désormais le personnage. Yves Sente, qui a pris le relais de Van Hamme au scénario, adoubé par ce dernier, ne bouleverse pas les codes de l’épopée thorgalienne. L’album n’a pas la force des plus grands crus de la série, mais on ne s’y sent pas mal à l’aise. A ce titre, on peut dire que la transition est réussie en douceur. C’eût sans doute été un crime de lèse-majesté que d’offrir un scénario supérieur aux derniers signés Van Hamme ! Une question se pose tout de même : le « nouveau Thorgal » s’adressera-t-il à un public plus jeune ou les anciens lecteurs y trouveront-ils leur compte ? La suite nous le dira. Pour l’instant, quand on se trouve dans la seconde catégorie, on peut se sentir un peu loin de la « bande d’ados » qui débarque en force, dans un parcours initiatique bien de leur âge.

Le dernier mot sera pour Rosinski : comme dans le tome précédent, et comme pour la Vengeance du Comte Skarbek (également scénarisé par Sente), le dessinateur polonais a choisi de travailler en couleur directe, avec un résultat majestueux, qui apporte beaucoup au plaisir de lecture. Au final, c’est donc toujours la même chose : chaque nouvel album de Thorgal nous donne envie de relire l’ensemble de la saga, et nous fait espérer un prochain tome qui ait la force de ses meilleurs épisodes.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 18/10/2007 )
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