Bande dessinée
Fantastique de Howard Chaykin et Mike Mignola
Delcourt - Contrebande 2007 / 19.90 €- 130.35 ffr. / 192 pages
ISBN : 9782756009261
FORMAT : 17,3x26,4 cm
D'après les romans de Fritz Leiber
Mignola avant Hellboy
C’est un classique de l’heroic fantasy et du sword and sorcery : Le Cycle des épées de Fritz Leiber, fait partie, avec la série des Elric, Hawkmoon et autres Corum de Moorcock, des grands anciens du genre. Alors la rencontre entre Leiber et un dessinateur comme Mike Mignola (Hellboy) est forcément un événement en soi. Œuvre de jeunesse « pré-hellboyenne » de Mignola, ce cycle des épées mérite largement le détour.
Nous somme dans un monde indéterminé, usé par la magie et le fracas des épées, un monde médiéval-fantastique dominé par la cité de Lankhmar, où voleurs, nécromants, magiciens blancs et noirs, créatures magiques et même des divinités évoluent, un monde à la croisée de plusieurs dimensions. Et c’est dans ce monde dangereux que vivent deux amis, mercenaires, voleurs, guerriers… Fafhrd, le géant nordique à la crinière rousse, et le souricier gris, voleur fluet et bretteur retors. Leurs aventures les entraînent dans les ruelles de Lankhmar, à la rencontre de dangers variés (un maître voleur associé à un nécromant, une créature inter-dimensionnelle spécialisée dans l’escroquerie et le marchandage, des fantômes, de faux dieux, un pharaon vivant en ermite et environné d’une meute fantôme…). Et si les moulinets d’épée abondent, un peu d’astuce de temps, en temps, ou une aide divine (ou diabolique) ne nuit pas…
Ce Cycle des épées a le charme de l’ancien : des histoires classiques, assez courtes et qui, réunies, forment un tableau réjouissant de la vie dans Lankhmar et ses environs. L’adaptation de Chaykin, sans être révolutionnaire, suit fidèlement le style sobre et les romans de Leiber. Et là-dessus, la « touche » Mignola : si ce dernier n’est pas forcément à l’aise avec les héros humains (Fafhrd, comme le souricier, sont un peu fades… comme dans les romans du reste), il montre déjà son talent pour les créatures étranges et monstrueuses et les atmosphères gothiques, usant de l’ombre à outrance, des tons glauques et maladifs, et d’un graphisme épuré qui laisse deviner plutôt qu’il ne dévoile. Ce travail annonce le futur auteur de Hellboy et révèle un style déjà très abouti. Un album très réussi donc - le mariage réussi du style comics (du moins celui de Mignola, autant dire une marque déposée) et d’un classique du fantastique - qui ne décevra pas les amateurs de Leiber comme ceux de Mignola, et qui plaira forcément à tous les fans de bande dessinée fantastique.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/10/2007 )
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