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Bande dessinéeet Fantastique  

Les aventures extraordinaires de Nelson Lobster (tome 2) - Les Enfants d’Orqueline
de Eric Corbeyran et Florent Calvez
Delcourt - Terres de légendes 2008 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 9782756005669
FORMAT : 24x32 cm

Trompe la mort

En 2007, Nelson Lobster avait fait son apparition dans le monde des héros bizarres, avec – il est vrai – quelques bonnes raisons : mélange détonnant de Cyrano de Bergerac et du comte de Münchhausen, Nelson Lobster racontait sa longue vie, ses aventures à la découverte de l’île homérique des Lestrygons, ses démêlés avec la grande faucheuse et surtout sa chance plus qu’insolente qui lui a permis de survivre à tout cela. Les amateurs se souviennent que le secret de cette chance résidait dans un œil, conservé dans un bocal par notre héros. Bref, du bizarre, avec une touche d’onirique, du surnaturel, un fantastique que ne renierait ni Voltaire, ni les frères Grimm… Et un duel en cours, entre la mort et ce grand séducteur de Lobster.

Un deuxième tome s’imposait, ne serait-ce que pour savoir si Corbeyran, au scénario, et Calvez, au pinceau, auront su maintenir le cap et l’allure d’une série qui cherche son inspiration dans les classiques, renouvelés, des temps modernes. Avec le deuxième tome, « Les Enfants d’Orqueline », on louche un peu du côté de Swift et de son docteur Gulliver, tout en restant fidèle à un parti pris fantaisiste. Parti en quête de sa récompense (la princesse Lilas), notre jeune héros aboutit sur une île perdue où deux factions se livrent une guerre incessante, aux origines oubliées, mais à la fureur intacte. Sur Orqueline, la guerre a décimé jusqu’aux adultes et les enfants, suivant la coutume parentale et ancestrale, font la guerre. Qu’allait faire le jeune Nelson dans cette galère ? Chercher son élue, et au passage, trouver un moyen d’imposer la paix à ces jeunes guerriers… tout en fuyant la camarde, qui cette fois, a lancé à ses trousses une fine équipe, composée d’un monstre et d’un comptable. Et si tout ce petit monde se croisait, juste pour voir ?

Nelson Lobster s’installe donc dans le paysage BD : comme le premier tome, celui-ci pétille de trouvailles et de personnages décalés, dans une ambiance un peu baroque. Corbeyran, rompu à l’exercice, entremêle les deux récits (Nelson vieux fuyant la mort, et Nelson jeune en quête de son Eurydice) pour un final heureux autant que moral. Le style, classique, est efficace et l’on sort de l’album avec l’idée que les auteurs ont encore tout un patrimoine littéraire à exploiter. Quant au graphisme de Calvez, il est également posé, mûr à souhait : alternant les phases intimistes (notamment avec la Mort et ses problèmes d’intendance) et les grandes scènes, il a su, avec un trait fin rehaussé par des couleurs aux effets lissés, mêler sobriété (dans la forme) et fantaisie (dans le fond). Un couple d’auteurs efficaces pour un album au ton original, hommage aux héros de légende.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 28/01/2008 )
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