Bande dessinée
Fantastique de Richard Sala
Vertige Graphic - Coconino Press - Ignatz 2008 / 9 €- 58.95 ffr. / 32 pages
ISBN : 978-2-84999-040-7
FORMAT : 21,5x29 cm
Conte macabre
Certes ces trente planches se lisent vite et au fond il ne s’y passe pas grand chose. Certes il ne s’agit là que d’un long prologue et après tout, la suite peut tout à fait être décevante. Quoi qu’il en soit ce premier numéro de Delphine reste réjouissant d’un bout à l’autre, et l’on est immédiatement happé par cette histoire mystérieuse plongé dans une ambiance inquiétante.
Le récit commence lorsqu’un jeune homme débarque dans la petite gare d’une ville qui lui est inconnue. Il est là sur les traces d’une camarade de classe, la jolie Delphine, venue au chevet de son père malade. Le jeune garçon n’a qu’une adresse qui s’avère vite être compliquée à retrouver dans ces ruelles tortueuses. Il faut dire que ce drôle de village ne fait rien pour faciliter les choses. Désert et vieillot, comme déjà mort, posé au pied d’une sombre forêt, il est de plus habité par des autochtones qui sont loin d’être accueillants… Et entre une grand-mère aux allures de zombie et son fils, un chauffeur illuminé, tous deux sortis de Psychose, et une troupe de gnomes laids, et d’autres sinistres individus, les retrouvailles avec Delphine vont devoir attendre…
Richard Sala mixe éléments d’un film d’horreur (l’arrivée dans une ville inconnue, les habitants aux allures patibulaires, les maisons menaçantes…), et les contes pour enfants (la couverture fait explicitement référence à Blanche Neige d’un côté et au Petit Chaperon Rouge de l’autre…). Le tout est raconté avec une grande efficacité, sans en faire trop dans ce qui est dit ou montré, juste ce qu’il faut pour installer un climat pesant et angoissant, laissant le lecteur toujours en alerte. Le dessin est à l’aune de cette narration limpide : un trait simple et efficace, loin des hachures maniaques d’Un Rire dans la nuit, et plongé dans des lavis bruns apportant à l’ensemble une certaine tristesse. Comme si, au bout du compte tout était déjà joué. Et perdu.
Ce premier épisode se finit sur un teaser digne des grandes fins de saisons. En attendant la prochaine, très vite !...
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/02/2008 )
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