Bande dessinée
Fantastique de Hub
Delcourt - Terres de légendes 2008 / 12.90 €- 84.5 ffr. / 55 pages
ISBN : 9782756008677
FORMAT : 24x32 cm
D&D sauce soja
Dans l’empire du Pajan, déclinaison nippone d’un royaume médiéval-fantastique, Okko, le rônin, accompagné de quelques compagnons hauts en couleur (un géant déguisé en démon, Noburo, un moine-magicien – Noshin – et son apprenti maladroit, une guerrière nommée Fauche-le-vent armée d’une masse et une femme samouraï légendaire, Setzuka) arpente les cimes de la montagne des sept-monastères, en quête de calme et de tranquillité… Mais le tome précédent le précipitait dans une affaire ancienne et passablement risquée sur les traces d’un ordre de moines nécromants, l’ordre du Karasu, prêts à lever une armée de morts-vivants enfouis naguère dans la terre et à les lancer dans une conquête de l’empire… Des horreurs en perspective ? Toutefois nos moines, tous démoniaques qu’ils soient, n’en sont pas pour autant des stratèges éprouvés, et la voie du guerrier ne se laisse pas embrasser ainsi : une chance pour Okko de mettre un terme à ce complot… mais il faudra forcément en découdre
Le monde du Pajan a décidément tous les traits d’un bel univers fantastique : on y croise des esprits de la nature (les kamis) ainsi que des peuples étranges tout droit sortis d’un univers de jeu de rôle (les hommes-rats), quelques artefacts que ne renieraient pas les joueurs de Donjons et dragons (des armures enchantées ou bunraku), des personnages bien campés et – ingrédient indispensable – une solide dose de magie (nécromancie, invocation des esprits…). Le charme d’une intrigue à la sauce fantasy, taillée sur mesure pour les amateurs d’aventures orientales et de récits de samouraï : Hub sait trouver son inspiration dans la mythologie asiatique, comme dans les classiques de la littérature de sabre (l’épopée de Musashi par exemple) et de l’heroic fantasy, voire du cinéma fantastique (outre Le Seigneur des anneaux et son armée des morts, on pourrait y voir une lecture asiatique du Jour des morts vivants…). Le résultat est, comme pour les albums précédents, des plus réussi, servi par un graphisme échevelé, attentif au détail comme aux scènes d’action (et de l’action, il y en a), avec une mise en scène très cinématographique (cadrages originaux, flash-back sur fond noir) qui manque parfois de grandes pages héroïques (mais l’action est si dense que ce serait sans doute un luxe dispendieux). Bref un coup de pinceau désormais bien rôdé, bien installé dans un univers maîtrisé, exploitant un scénario bien tourné autour d’un culte dévoyé par l’ambition. Quelques bonnes recettes efficaces pour un album qui prolonge le plaisir des tomes précédents, et qui s’inscrit dans la trop courte liste des très bonnes séries mêlant décor asiatique et heroic fantasy… une excellente alternative au médiéval fantastique à l’européenne.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 04/03/2008 )
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