L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

Mortemer
de Valérie Mangin et Mario Alberti
Soleil - Hanté 2008 /  12.90  €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2302-002241
FORMAT : 23,4x32,3 cm

La dame blanche

Le fantôme de la dame blanche, un bon vieux thème des légendes urbaines (le spectre d’une femme qui vient prévenir d’un danger), est ici remis au goût du jour non sans originalité par Valérie Mangin, qui, pour l’occasion, déplace son intrigue dans un futur proche. Direction l’abbaye de Mortemer, vieux bâtiment conventuel retapé par des amateurs éclairés, garni de légendes diverses (trésor enfoui, fantômes en pagaille…) et devenu, sous l’impulsion de Guillaume, dernier propriétaire des lieux, un parc d’attraction… Sacrilège ? Mais pour plaider en faveur de Guillaume, le monastère est hanté et Guillaume est harcelé par une bande d’authentiques fantômes (4 moines et la fameuse « dame blanche ») depuis son enfance… Il les connaît même si bien qu’il est parvenu à comprendre leurs paroles et qu’il les a finalement intégré dans sa vie et son environnement. Et lorsque Guillaume engage une jolie jeune fille bien réelle, Isabelle, pour jouer le fantôme de la dame blanche devant les touristes, une mécanique diabolique s’engage : amour, passion, trahison, mensonge… Qui manipule qui ? Qui hante vraiment Mortemer et son propriétaire ? Et qu’en est-il des légendes de Mortemer ?

Avec la collection Hanté, dirigée par Christophe Bec, on entre dans le fantastique urbain, sombre voire gothique, un monde de légendes urbaines et de lieux connus, réputés hantés, et livrés à l’imagination d’auteurs de BD. Les fans de Jean Ray, le grand maître belge de la nouvelle fantastique, devraient apprécier l’ambiance des albums, entre fantastique gothique et thriller horrifique. Avec Mortemer, one-shot qui ouvre la collection, le thème est joliment planté : au pinceau, Mario Alberti (Redhand) fait une fois de plus la démonstration d’un talent solide, qui sait conjuguer un réalisme léger et une inspiration tous azimuts (Guillaume est une sorte de mariage entre Dylan Dog, héros transalpin bien connu des amateurs du genre, et de l’acteur Rupert Everett), dans la mise en scène (les « confessions » de Guillaume, qui ponctuent le récit, sont très réussies et bien intrigantes), le tout dans des couleurs automnales qui mettent déjà le lecteur dans une ambiance sépulcrale adéquate. Quant au scénario de Valérie Mangin, il fonctionne à merveille et – sans vendre la mèche – on peut dire qu’elle a su, à partir d’une légende urbaine assez limitée, donner une interprétation très motivante du mythe de la dame blanche. Un album à lire pour se convaincre que toute légende urbaine est bonne à prendre… On attend avec impatience la suite de la collection.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 08/09/2008 )
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