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Bande dessinéeet Fantastique  

Les aventures extraordinaires de Nelson Lobster (tome 3) - L’oeil de Zaya
de Eric Corbeyran et Florent Calvez
Delcourt - Terres de légendes 2008 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 56 pages
ISBN : 9782756014883
FORMAT : 24x32 cm

Un démon pour ami ?

Nelson Lobster, sa pipe et ses mémoires interminables sont de retour : voilà désormais deux albums que ce personnage aux allures de Cyrano de Bergerac fuit, toute voile dehors, les tours de la Mort, la grande blême qui aimerait bien le ramener enfin dans ses filets. Car le bonhomme a réussi à la duper et à rester en vie tant qu’il n’a pas fini d’écrire ses mémoires… Des souvenirs qui prennent de plus en plus de temps. Mais dans ce troisième tome, la Mort est de plus en plus lasse d’être narguée par ce bavard, et lui dépêche un démon du genre pas commode – aile de chauve souris, grandes griffes et dents pointues – pour en finir. Seulement voilà, Lobster est sur les traces de ses parents et du secret de sa naissance, un secret qu’il va révéler à Akane, sa confidente… entre autres tours pour échapper à la camarde et à ses alliés.

Troisième (et pas dernier, il faut l’espérer) tome de la série, cet « Œil de Zaya » reste bien dans le ton des précédents albums : héros à la Jack Vance, plus astucieux que costaud, Nelson Lobster sait se tirer de toutes les situations grâce à sa faconde et à son ingéniosité. Même capturé par un démon ou coincé sur une île, il trouve une solution. Et une fois de plus, le scénario de Corbeyran (Abraxas, Le Fond du monde, Le Régulateur…) donne à ce disciple d’Ulysse et du Baron de Münchhausen un récit digne de lui. Dans un monde fantastique, peuplé de démons, d’îles mystérieuses (l’album est du reste un hommage – ou une parodie – du classique de Jules Verne), de sorcières et de pirates, Nelson Lobster trace son chemin et tranche avec le commun des héros par une chance quasi surnaturelle (mais ce n’est pas rien d’être le fils d’une puissante sorcière). Le charme de l’album réside dans cette ambiance de fantasy onirique, sans combats si ce n’est des joutes verbales entre quelques personnages hauts en couleurs. Le graphisme de Florent Calvez, avec ses personnages gentiment caricaturés et comme posés sur le décor, soulignés de noir, ajoute à cette impression d’étrangeté. Travaillant les ambiances et les décors sans lésiner sur les grandes pages monochromes (notamment la nuit, qui chez Calvez est magistrale), il constitue peu à peu un monde étrange comme un conte pour enfant tandis que quelques grandes pages (un vol de démon, l’explosion d’un navire…) viennent rappeler que le récit cherche également son inspiration du côté du grand spectacle et des classiques littéraires. Une série qui garde sa fraîcheur et son originalité, pour tous les amateurs d’une fantasy sans violence, mais pleine d’aventures.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 15/09/2008 )
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