L'actualité du livre
Bande dessinéeet Science-fiction  

L’Éternaute (vol.3)
de Héctor G. Oesterheld et Francisco Solano López
Vertige Graphic 2010 /  24 €- 157.2  ffr. / 120 pages
ISBN : 978-2-84999-081-0
FORMAT : 29x22 cm

La guerre des mondes

Troisième et ultime volet de cette épique et dense saga de science fiction. C’est l’heure du dénouement, mais avant un final surprenant et original – dernière pirouette poétique avant le tomber de rideau – il faudra suivre plusieurs péripéties et bouleversements étonnants. Première traduction complète en français de ce chef-d’œuvre, il convient une fois de plus de saluer Vertige Graphic pour le travail accompli et l’envie d’aller au bout de ce projet de réédition qui n’affiche pas forcément les atours commerciaux les plus en vue du moment (blogs édités à l’arrache, projets numériques moches…)

On avait donc quitté trois survivants en pleine bataille contre l’envahisseur. Il y a Favalli, Franco et Juan Salvo, le narrateur. Ces trois-là, en quelques jours, en ont déjà appris et vu beaucoup sur l’invasion qui frappe la Terre. Il y a d’abord eu cette neige phosphorescente qui s’est abattue sur Buenos aires, tuant tout sur sa chute ; flocons cotonneux comme une magique neige de noël devenue soudainement un cauchemar épouvantable, une arme inexpugnable. Plus tard, c’est une armée de scarabées géants qu’ont dû affronter les rares survivants et les milices organisées à la hâte. Puis, pensant enfin tenir le chef de l’invasion, Juan Salvo et ses alliés se sont battus plus psychologiquement que physiquement contre un « Main » et ses machines diaboliques. Mais celui-là n’est encore qu’un sbire, un valet dirigé par les « Eux », les véritables responsables de cette horreur. Enfin, puisque cela ne suffisait pas, les résistants ont dû combattre tour à tour les Gurbes, redoutables armes de guerre à la carapace invincible, et, pire encore, c’est contre d’anciens hommes devenus serviteurs lobotomisés que les attaques se sont répétées.

Publié à l’origine sous forme de feuilleton, L’Éternaute – cinquante ans d’âge – suit parfaitement les principes de ce genre de publication et sait maintenir à la perfection le suspense d’un strip à l’autre agrippant son lecteur pour ne plus le lâcher, et jouant jusqu’à la démesure impossible des rebondissements et des retournements de situation. La tension est constante, tant dans la tenue de la narration que dans les événements contés. Il semblerait que tous les films catastrophes et autres zombie movies à venir aient puisé leur inspiration dans ces pages tant tout est déjà là, de la solitude des héros aux vues sur les lieux désertés, des dangers qui guettent partout aux périples pour y échapper.

L’aventure pure et les moments d’action survoltée laissent une large place aux bons sentiments et aux grandes valeurs humaines: la solidarité, le courage, le sens de la famille, du sacrifice… Tour à tour les personnages font preuve d’une grandeur d’âme qui les honore, rendant un peu plus supportable cette avalanche de catastrophes qui s’abat sur eux. Il y a certes un charme désuet qui opère dans ces pages, mais c’est avant tout cette brillante trame, oscillant constamment entre la noirceur extrême d’une humanité en proie à l’horreur absolue et le serial fantastique plus débridé, qui fait de cette œuvre un incontestable classique.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 06/04/2010 )
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