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Bande dessinéeet Science-fiction  

Sillage (tome 17) - Grands froids
de Jean-David Morvan et Philippe Buchet
Delcourt - Neopolis 2014 /  13.95 €- 91.37  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-4126-1
FORMAT : 24x32 cm

Deuxième round

Le passé vous colle parfois aux basques, même si votre identité est fondée sur l’idée que vous n’en avez pas, que vous êtes la seule et unique créature à ne pas avoir d’ascendants, de racines. C’est le cas de Nävis, agent spécial du Sillage, qui, après de sombres tribulations narrées dans les précédents albums de la série, est redevenue agent à plein temps (avec un enfant sur les bras, mais un grand garçon en pleine crise d’adolescence). Sa nouvelle mission l’envoie voler un objet étrange, l’ornosphère, sur Trjj 68, une planète déjà visitée dans le tome 3 où elle était tombée amoureuse d’un jeune révolutionnaire local, Clément Vildieu. Une histoire d’amour qui n’est pas restée sans suite, même si l’affaire est relativement complexe. Cette nouvelle mission la ramène donc dans les lieux connus, auprès d’un homme désormais perdu de vue… et de sa famille. Car dans la foulée, Nävis fait la connaissance de Jules Vildieu, un mélange amusant de James Bond et de Q (l’inventeur des gadgets bondiens), et accessoirement son cousin par alliance. L’affaire pourrait être assez simple (je vole, je repars) mais Nävis tombe au beau milieu d’une révolution et forcément, elle est entraînée – bien malgré elle – dans l’affaire. Mais tout cela serait encore gérable si son fils ne l’avait suivi dans sa nouvelle mission. Les retrouvailles familiales vont être explosives !

Et hop, on débute une nouvelle intrigue du Sillage, autour d’une mission passablement tordue, et dont on comprend assez vite qu’elle sera plus complexe que d’habitude. Le charme de la série réside sans doute là, dans ces intrigues à tiroirs préparées par Jean-David Morvan, qui, d’albums en albums, renvoient les personnages (et les lecteurs) à une intrigue bien plus vaste, plus obscure aussi, dont on perçoit, peu à peu, les tenants et les aboutissants. En 17 albums, on a vu naître et grandir Nävis et ses proches, on a découvert, au delà de la gentille utopie galactique du Sillage, un équilibre politique fragile, des tensions, des luttes… On a vu des personnages disparaître, ou changer, on est revenu (un peu) sur les notions de bien et de mal en fonction des perceptions de chacun. Les lecteurs fidèles ont en quelque sorte mûri avec leur héroïne, laquelle demeure toujours aussi pétulante, mais peut être plus marquée, plus fataliste, plus circonspecte. Avoir l’impression de vieillir avec un personnage de bande dessinée, c’est là un plaisir rare. Mais ce qui ne bouge pas, et c’est heureux, c’est la qualité graphique de la série. Dès le début, Philippe Buchet avait trouvé le ton idéal, la mise en scène juste ce qu’il faut de cinématographique, qui n’oublie pas les personnages et ne perd pas les lecteurs. De nouveau, le graphisme de Buchet garde cette aisance manifeste, quelque soit l’univers développé (ici, le steampunk).

Une série à la qualité constante, dont l’intrigue s’approfondit au fur et à mesure des albums, et dont l’héroïne sait vieillir sans jamais décliner : c’est peut être ça, un classique, en BD. En tous les cas, un excellent moment de lecture auquel on s’habitue décidément bien.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/10/2014 )
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