L'actualité du livre
Bande dessinéeet Science-fiction  

Yoni (tome 2) - Bienvenue en zone TAZ
de Yann et Berthet
Dupuis - Empreinte(s) 2004 /  12.95 €- 84.82  ffr. / 56 pages
ISBN : 2-8001-3626-X
FORMAT : 24 x 32 cm

Espionne mondialisée contre hackers libertaires

Les amateurs de belles espionnes aux gadgets improbables, de futur un peu déjanté et de bandes dessinées de qualité connaissent certainement Yoni Owens, agent de la FCIA (la CIA + le FBI, en pire ?). Sinon, il est encore temps de prendre le train en marche avec un deuxième album encore plus sympathique que le premier, et une belle réussite en matière de science-fiction parodique mais pas trop.

Depuis le premier album, le monde de Yoni n’a pas changé, il a même empiré : New York se transforme en une poubelle pour déchets radioactifs, Cuba est le dernier abri de hackers libéraux, Mel Gibson a donné son nom à un amendement anti-pornographie et le chef des services secrets de l’United States of the World s’appelle Condoleeza Rumsfeld... Bref, la mondialisation triomphe dans ses aspects les plus délirants, et Yoni est là pour surveiller – et éliminer – les opposants, les libertaires et autres importuns, réfugiés à Cuba (en zone TAZ… c'est-à-dire libre). Mais voilà, l’agent Owens a des états d’âme, commence à se poser des questions, et surtout, il semble qu’un complot se trame dans son dos, et sur son compte… rien n’est simple et tout se complique.

S’il y a un scénariste qui sait puiser dans l’actualité pour mieux la détourner, c’est bien Yann (qui a de longues références en la matière, en commençant par Les Innommables, chez le même éditeur), et ce second opus des aventures de la belle Yoni tient toutes les promesses du premier. Le lecteur évolue dans un futur proche, délirant, dont les contours lui sont connus, mais pour être systématiquement pervertis : on savoure autant l’album en soi (mais il faut surveiller chaque dialogue, chaque détail, pour trouver les indices d’un détournement parodique) et le monde de Yoni, que le récit lui-même, déjà fort réussi.

En outre, l’album est nanti d’une annexe – un « rapport confidentiel » - utile et rigolote, décrivant la zone TAZ, l’entraînement des faux hackers de la FCIA destinés à infiltrer la zone en question, ainsi que quelques informations sur le monde des hackers (on recommandera à cet égard le « panthéon du web », tout à fait politiquement incorrect). Comme d’habitude, le graphisme de Berthet s’est coulé à la perfection dans le scénario (le couple Yann-Berthet est un couple qui marche, et une équipe qui gagne), et la couverture, très Matrixienne, témoigne à elle seule du talent de Berthet (à une exception : il ne sait décidément pas dessiner une explosion ou l’impact d’une balle). Servi par une mise en couleur de qualité (en particulier les contrastes entre ombre et lumière) due à Lerolle, l’album est aussi appétissant que plaisant à lire. Une suite à la hauteur de la série, originale et réussie.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 29/11/2004 )
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