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Bande dessinéeet Science-fiction  

Le Quatrième Pouvoir (tome 2) - Meurtre sur Antiplona
de Juan Gimenez
Les Humanoïdes associés 2004 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 48 pages
ISBN : 2 7316 1622 9
FORMAT : 24 x 32 cm

Quinze ans d’attente

Les fans de l’Incal, de Jodorowsky et du méta-baron connaissent bien le dessinateur Juan Gimenez : ce dernier a su mettre en image l’histoire familiale et dynastique du méta-baron, suivant le scénario complexe voire ésotérique de Jodorowsky. En bref, il a su s’adapter à la démesure de l’imagination du scénariste pour créer une série plutôt réussie, parfois excessive, toujours ambitieuse et qui s’intègre parfaitement dans l’univers de l’Incal.

Mais ce serait une erreur que d’enchaîner Gimenez à ce seul cycle : Mutante, L’Etoile noire ou encore Le Quatrième Pouvoir avaient manifesté un talent et un goût pour la SF qui, en 1992, attiraient l’attention de Jodorowsky. Gimenez est donc un auteur depuis longtemps confirmé et qui, ayant achevé le cycle des méta-barons, peut à nouveau se remettre à ses propres créations. C’est ainsi que la suite du Quatrième Pouvoir, dont le premier tome, « Supramental », avait été publié en 1989, vient de paraître. Quinze années sont passées et manifestement, l’ombre du méta-baron plane. Il est maintenant bon de faire une sorte de bilan d’étape.

Le premier volume évoquait l’histoire d’une pilote militaire, Gal, engagée dans une guerre interplanétaire entre humains et krommiums, et devenue, bien malgré elle à la suite d’une expérience, une sorte d’être ultime, disposant de pouvoirs cosmiques, fruit de la réunion de quatre cerveaux : le QB4. Avec ce nouvel opus, dix ans ont passé : Gal a disparu et on la croit morte… seul Iron Ferr, son coéquipier, persiste à la rechercher. Et il se pourrait bien qu’elle se cache sur Antiplona, une station spatiale-planétoïde dédiée au plaisir, au jeu sous toutes ses formes, et contrôlée par une mafia locale en pleine déliquescence. Connue sous le nom de Supreme Power, elle y est devenue artiste de music hall. Mais Iron n’est pas le seul à chercher la jeune femme : les Krommiums, ainsi qu’un mystérieux aventurier, sont sur sa piste. Si l’on ajoute que dans la station, le pouvoir est en passe de changer de mains et que les factions se préparent à s’affronter, on a là tous les ingrédients pour un thriller futuriste haletant.

D’emblée, l’amateur de Gimenez constatera dans ce nouvel album combien l’Incal a pu contaminer sa vision du futur. Antiplona ne déparerait certainement pas dans le monde de l’Incal, et l’on s’attend constamment à croiser les races extraterrestres habituelles. Les personnages secondaires, et en particulier Triple (sorte de Jabba le Hut en version humaine et féminine) donnent également cette impression, assez confortable pour les nostalgiques de John Difool et consorts. On retrouve jusqu’aux défauts de la grande fresque de Moebius et Jodorowsky : ici aussi, l’imbrication des différentes intrigues – qui donne un rythme assez chaotique à l’ensemble fait penser à la série précédente. Constat donc d’une collaboration qui a mûri pour donner un univers futur cohérent, partagé entre plusieurs plumes. Le graphisme est quant à lui hors de tout commentaire : Gimenez a depuis longtemps fait la démonstration de son talent et de sa capacité à visualiser des scènes cataclysmiques, des batailles explosives, des satellites transformés par la technologie ou encore des vaisseaux spatiaux. Voilà donc un album qui ravira les fans du méta-baron et les fera patienter, le temps d’un nouveau cycle.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 05/01/2005 )
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