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Bande dessinéeet Science-fiction  

Sebastian X (tome 1) - La mort a deux visages
de Michelangelo La Neve et Stuart Immonen
Les Humanoïdes associés 2005 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 56 pages
ISBN : 2731616458
FORMAT : 23 x 30 cm

La vague dans la peau

Il y a des mélanges improbables qui s’avèrent détonants : le cocktail du nom de Sebastian X a ce genre de vertus ! Imaginez une histoire où se mêlent SF apocalyptique, surf et thriller d’espionnage, une version futuriste et un peu allumée de l’excellent Point Break (un film de K.  Bigelow sur le milieu des surfeurs, à découvrir). Voilà les ingrédients d’une série prometteuse : Sebastian X. L’histoire se passe en 2097, dans un futur assez sinistre : un mouvement économico-religieux, la Godstar corporation, contrôle quasiment les États-Unis au moyen du monopole d’un médicament miracle et absolu, la Cure, mettant en acte (et en dollars) la devise célèbre « croyez en moi et vous serez guéris ». Assurant son emprise sur les médias et la société de consommation, elle s’impose sans contre-pouvoirs. Mais voilà, un groupe secret, le Mouvement Laïque Clandestin, conteste cette vision de l’Amérique (ils ont même osé voler un sous-marin appartenant à Disneyworld ! blasphème absolu) : l’une de ses armes est un surfeur extrême, Sebastian X, champion charismatique et incarnation de l’espoir pour les Américains. Le duel entre le MLC et la Godstar se noue donc autour de ce personnage mystérieux, dont un jeune et inquiétant prodige des médias, Adam Reznor, tente de détruire l’image en en faisant un traître à son camp. Piégé, rendu amnésique et manipulé, Sebastian X va devoir affronter la « stratégie 17 » de Reznor et reconquérir jusqu’à sa personnalité.

Voilà un premier acte impressionnant, tant du fait de la maîtrise graphique d’Immonen que de l’histoire solide imaginée par La Neve. Le contexte est également très réussi : le futur dans lequel évolue Sebastian X n’a que peu de différences avec notre présent, et relève plus de l’anticipation… à quelques exceptions près : la Californie a sombré sous une immense vague et le nazisme est redevenu à la mode. Les amateurs de séries comme Trigs ou Yoni apprécieront. L’Amérique semble engloutie par la religiosité (défendue par les groupes paramilitaires de la Godstar), tandis qu’un ultralibéralisme règne sur la société. L’enfer pour un altermondialiste athée, en somme ! Et le scénario de La Neve surfe sur cette parodie d’une Amérique façonnée par G.  W.  Bush. Quant à l’intrigue et à son héros amnésique et manipulé, on pense au célèbre La mémoire dans la peau de R.  Ludlum, ce qui n’est pas la moindre des références. Le trait d’Immonen, issu du monde des comics, a su donner à ce premier épisode un côté sombre, bien loin de l’exubérance traditionnelle du monde de la glisse. Les personnages, bien individualisés semblent comme sortis de la réalité et l’album ressemble presque au synopsis d’un bon film de SF. Une alternative à Brice de Nice ? Vivement la suite !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 14/05/2005 )
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