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Bande dessinéeet Science-fiction  

Les Chroniques de Sillage (tome 2)
de Jean-David Morvan et collectif
Delcourt - Neopolis 2005 /  12.50 €- 81.88  ffr. / 48 pages
ISBN : 2847897186
FORMAT : 24 x 32 cm

Sillage & co.

Quand une série est réussie, quand une idée est bonne, quand un univers est porteur ou quand un personnage a de l’avenir, autant l’exploiter : c’est le mot d’ordre généreux des créateurs de Sillage, Morvan et Buchet, lesquels, dans une série annexe, Les chroniques de Sillage, ont entrepris de rassembler divers scénaristes et dessinateurs autour de l’univers de Nävis, seul spécimen terrien de Sillage, cette immense flotte extraterrestre qui réunit des milliers de races différentes à la recherche d’un havre de paix.

Les cinq histoires réunies dans ce deuxième album partent, comme pour le premier tome, d’un petit fait, à peine anecdotique, tiré de la série originelle (et présenté en introduction de chaque récit) et développé au gré de la fantaisie d’un auteur/dessinateur invité. Les questions ainsi traitées sont diverses : quel était le gros vaisseau échoué sur la planète d’adoption de Nävis ? Et cette planète a-t-elle déjà été visitée ? Que sont devenus les héros d’albums précédents, orphelins de la pétulante Nävis ? Et que manigance exactement le consul Enshu Atsukau, collectionneur manipulateur déjà croisé ? Le résultat final s’apparente à une sorte de « mythe » de Sillage (un peu comme il existe un mythe de Chtulhu, reflet du travail de Lovecraft et de ses nombreux admirateurs), où chacun éclaire un angle discret de cette immense fresque space opera, baroque et extraterrestre.

Comme dans tous les albums de ce genre, en collaboration entre plusieurs auteurs, il y a du bon et du moins bon : certains on su s’insérer dans un univers riche et complexe, d’autres sont restés à la lisière du Sillage. Nävis est parfois au cœur du sujet, ou bien son ombre flotte en référence à un album ancien. Dans tous les cas, c’est une bonne occasion de retrouver un personnage original, sans l’excès de mièvrerie de la série parallèle Nävis, trop enfantine. Certains récits sont même délicieusement ambigus, prêtant à la petite terrienne une sexualité jusque là peu apparente ! Graphiquement, le projet est à la fois intéressant, stimulant (chaque dessinateur donne sa vision d’un personnage que les lecteurs se sont depuis longtemps approprié) et dans le même temps déstabilisant (l’amateur de BD, conservateur, doit s’adapter à un style vraiment différent). Les traitements sont en effet assez divers, depuis le style manga (Bengal) ou dessin animé (T.  Labourot et C.  Lerolle), jusqu’au pastiche de talent (S.  Savoia) et au portrait en pied (les illustrations de G.  Parel en tête de chapitre). Et dans tous les récits, on ressent une affection très réelle pour une série désormais classique.

Au final, des rencontres intéressantes, trop brèves, et des idées qui confirment le potentiel d’un univers en expansion : les Chroniques de Sillage sont le complément idéal pour les fans, nombreux, de la petite Terrienne isolée dans l’univers, une manière de tromper l’attente entre deux albums.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 14/05/2005 )
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