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Bande dessinéeet Science-fiction  

L'Infini - Tome 2 : Mémoire interdite
de Chuck Austen et Matt Cossin
Les Humanoïdes associés 2005 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-1714-4
FORMAT : 24,0cm x 32,0cm

Le bonheur est connexion

Imaginez une société future où tout un chacun serait perpétuellement connecté mentalement à une sorte d’internet, via un connecteur cérébral. Dans une telle société, l’information serait absolue, immédiate (du moins peut-on l’espérer, mais les virus et autres protections informatiques existent), la connaissance accessible sans même un clic… et l’intimité, inexistante (sauf pour les déconnectés, marginalisés). Le bonheur à la Big Brother, sauf que dans ce cas, Big Brother, c’est votre voisin ou votre patron. «L’enfer, c’est les autres», disait Sartre… : en voici la version BD futuriste. En effet, la société en question est celle de l’Infini, une arche stellaire qui traverse l’univers depuis des générations à la recherche d’une planète accueillante. C’est dans cette arche que Kelsey Fontine, ex-flic, déconnecté dans le premier album, survit. Dans ce premier album très réussi, il avait croisé la route de Jean, une jolie jeune femme qui lui avait donné un coup de main. Ce second tome s’intéresse désormais à Jean, toujours connectée, mais pas forcément épanouie, et qui voudrait bien recroiser ce beau paria de Kelsey. Et quand des tueurs se lancent à sa poursuite, elle ne songe qu’à un seul homme pour la protéger… Encore faut-il que Kelsey se souvienne d’elle, et sans implant, ce n’est pas gagné !

Voilà de la SF et de la bonne. Les ingrédients sont là du reste : un vaisseau-arche, une société quasi-totalitaire fondée sur une conscience commune, une machination à base de technologie futuriste, et un couple de héros en pleine rébellion contre tout cela. Le scénario élaboré par Chuck Austen, venu des comics, exploite parfaitement les possibilités de ce monde classique de la SF (un totalitarisme tranquille mais efficace) : il y a du rythme, de l’action, du suspens, des trahisons. En outre, il a su conférer à ses personnages cette once d’humanité qui les rend attachant, via des attitudes, des dialogues qui ont un côté très cinématographique (et donc assez percutant). Il est du reste servi par le graphisme de Matt Cossin, également issu du monde des comics (une école d’efficacité en soi) et qui n’est manifestement pas insensible au travail d’un Beltran (Megalex) ou d’un Moebius.

Le résultat est un univers à la fois riche et glacé, fait de néons, d’armes bizarres, de mutants décérébrés. On se croirait parfois dans Le Cinquième élément (voitures volantes, immeubles déprimants aux couloirs infinis, héros marginal). Bref, il s’agit d’un complot galactique qui se déroule on ne peut mieux, pour le plus grand bonheur des fans de SF : on n’échappe pas à Big Brother !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 11/01/2006 )
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