L'actualité du livre
Bande dessinéeet Science-fiction  

Golden City, tome 2 - Banks contre Banks
de Pierre Schelle , Stéphane Rosa , Nicolas Malfin et Daniel Pecqueur
Delcourt - Neopolis 2000 /  12.06 €- 78.99  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84055-429-1
FORMAT : 23 X 31

Seul contre tous

Golden City est le nom d'une ville-forteresse construite sur l'eau par les citoyens fortunés d'un futur situé après 2066: gigantesque base navale, Golden City dispose d'une police privée qui éradique tous les intrus désireux de goûter à son paradis fiscal et politique. Triste pendant de cette cité inaccessible, ce qui reste des villes portuaires du XXIème siècle finissant sert ici de toile de fond aux agissements de ceux qui, pauvres et exclus, sont condamnés à vivre comme des rebuts de l'humanité dans des lieux insalubres et dévastés.

Dans le tome 1 de la série, Pilleurs d'épaves paru en 1999, le président du plus puissant groupe pharmaceutique de la ville, Harisson Banks, apprend que l'avion de son épouse s'est abîmé dans les flots près du littoral. Parti incognito de Golden City pour la retrouver, il découvre bientôt qu'elle a été extirpée de l'appareil par de jeunes pilleurs d'épaves vivant de leurs rapines et revendant les corps des naufragés au mystérieux Chacal. C'est en voulant questionner celui-ci et en provoquant sa disparition que Banks est arrêté par la police puis jeté en prison.

Dès le début du tome 2, il apparaît que Banks est victime d'une machination menée par une scientifique sans pitié afin de le déposséder de ses biens et de le supplanter à la tête de son holding par un androïde. Trahi par ses proches et abandonné de tous, Banks devient un laissé pour compte qui échappe de justesse au nouveau tueur lancé à ses trousses. Il va tout tenter pour retrouver sa femme Jessica et son prestige d'autrefois avec l'aide des jeunes pilleurs d'épaves qui seuls acceptent de lui porter secours. Mais tout semble se liguer contre lui, ce qui a au moins ici le mérite de rendre plus humain (parce que plus faillible) celui qui agissait dans le tome 1 comme un odieux meneur d'hommes. Sa quête lui fait rencontrer de nouveau le Chacal sur sa route, ainsi qu'une bande de trafiquants d'organes pour lesquels Jessica tient désormais lieu de marchandise...

Fidèle au premier volume, Banks contre Banks permet au dessinateur Nicolas Maflin de s'exprimer avec toujours autant de talent : les décors, aquatiques ou "telluriques" sont somptueux, et les silhouettes féminines, comme d'habitude, sensuellement sculptées. La découpe des cases joue avec aisance d'un certain ton de rupture au moment des scènes d'action et l'on sent tout le plaisir qu'éprouvent les coloristes Schelle et Rosa à alimenter la palette vert-bleutée qui donne son ancrage (pour ne pas dire son encrage) à cette saga. Par un heureux mixage de toutes ces qualités, Golden City parvient ainsi sans difficulté à conjuguer la froideur du papier glacé, plaisant support des variations chromatiques dispensées par l'aérographe, et la chaleur des personnages. De l'épaisseur psychologique des personnages accrue aux rebondissements renouvelés d'un scénario bien ficelé, Banks contre Banks nous enchante par sa surenchère esthétique en même temps qu'il nous frustre par son aporie (temporaire). Bref, il nous condamne à attendre fiévreusement la suite des aventures trépidantes de Harisson Banks...

Les éditions Delcourt ont eu la bonne idée de joindre à ce deuxième tome le making-of des principaux protagonistes, lieux et engin de cette ère futuriste. Un cahier graphique de huit pages est en effet compris dans les albums de la première édition.

Frédéric Grolleau
( Mis en ligne le 22/02/2000 )
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