L'actualité du livre
Bande dessinéeet Science-fiction  

Chess (vol.1) - Tu n'es qu'un pion
de Bruno Ricard , Sylvain Ricard et Michael Minerbe
Les Humanoïdes associés 2007 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7316-1823-5
FORMAT : 24x32 cm

Sans famille 2023

Dans le monde de Chess, le futur a pris un sérieux coup dans l’aile : en l’occurrence, dans la côte Est des Etats-Unis pour être précis. C’est là qu’est tombé, un peu bêtement, un astéroïde, en 2019… Et depuis, on peut dire que l’histoire du monde en a été bouleversée. Plus d’hyper puissance, de superpuissance ni même de puissance américaine ou occidentale : désormais, le monde est partagé entre un empire chinois et un califat musulman, rassemblant l’ensemble des pays arabes. Ailleurs, on survit. C’est d’ailleurs le cas de Chess, mercenaire sans âme, qui se retrouve, à la suite d’une opération un peu ratée contre un camp militaire du Kirghizistan, en charge d’un petit garçon sans identité ni passé, mais manifestement important, recherché par tous les services secrets… Fils d’émir ? de terroriste ? Ou bien simple porteur d’une bombe biologique ? une bombe originale qui pourrait faire renaître des continents ravagés… Les enjeux sont immenses et le mercenaire, père adoptif malgré lui, se trouve en charge de faire voyager cet enfant très recherché. Des ennuis en perspective en somme.

Le scénario de Bruno et Sylvain Ricard rappelle sensiblement les (bons) Maurice G. Dantec, celui de La Sirène rouge et de Babylon Babies : dans un futur proche, qui relève plus de l’anticipation du reste, aux marges des grandes puissances s’étend un no man’s land asiatique où prospèrent mafias, terrorismes, pauvreté, guerres et violences diverses… Une sorte de Far East idéal pour les mercenaires de tout bord. C’est dans ce monde sans foi ni loi qu’opère Chess. Le personnage lui-même est assez « dantecien », tout droit sorti de Babylon Babies : mercenaire russe désabusé voire cynique, coupé de ses sentiments et de toute émotion, Chess doit transiger avec ses principes pour convoyer l’enfant, découvrir qui il est et ce qu’il est, et accessoirement le protéger. Chacun va devoir apprivoiser l’autre, dans ce road movie futuriste et apocalyptique.

Côté dessin, l’inspiration est également manifeste : Michael Minerbe a bien lu son Hellboy et fait du Mike Mignola : même style graphique très minimaliste, épuré, mêmes profils anguleux, même addiction à l’ombre et à la couleur noire pure, même goût pour la simplicité qui doit faire ressortir les corps, les visages, les attitudes. Certes, il ne s’agit pas d’un décalque et Minerbe a sa propre « patte », encore lourde par moments… mais en l’occurrence, on peut dire qu’il s’agit d’un style qui s’affirme peu à peu, encore en pleine jeunesse. Un premier album convaincant, mais qui attend maintenant un graphisme plus mûr, qui se personnalise sans toutefois renier les grands anciens.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 30/04/2007 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)