L'actualité du livre
Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

Buzz-moi
de Aurélia Aurita
Les Impressions nouvelles - For Intérieur 2009 /  15  €- 98.25  ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2-87449-076-7
FORMAT : 14,8x21 cm

Cirque médiatique

Avec les deux tomes de Fraise et Chocolat, Aurélia Aurita a créé son petit événement éditorial. Rarement on avait lu de telles pages aussi centrées sur l’intime (on y assistait aux ébats amoureux d’Aurélia et de son amant, dans toutes les positions, de la cave au grenier), à la fois rigolo et sexy, portées par un ton foncièrement cru mais toujours emprunt d’une innocente légèreté. L’ensemble tournait vite en rond – surtout lors du second volet – et pouvait rapidement lasser mais avait au moins le mérite d’aller au bout de ses intentions, et de ne pas se défaire d’une provocation rentre-dedans plutôt bienvenue. Avec Buzz-moi, l’auteure revient sur les événements qui ont suivi la sortie de ces deux livres, les festivals, les rencontres avec le public, les doutes et surtout l’emballement médiatique qui s’est produit, aussi soudain qu’inattendu.

Fidèle à une narration qui ne s’encombre pas d’une mise en scène trop élaborée, Aurélia Aurita égrène des saynètes plus ou moins longues, sur le ton de la note jetée, rapidement dessinée au fil des jours, comme sur un coin de table. On est dans l'esthétique du blog où la forme importe moins que le fond et où l'on mise plus sur ce qu'il y à raconter que sur la présentation. Du coup, l'ensemble se lit rapidement, avec un certain plaisir, d'autant plus si l'on a suivi les précédents épisodes.

C'est en racontant les autres – la journaliste de Elle, Beigbeder, la télé, les fans – qu'Aurélia Aurita montre aussi cette fois un joli talent pour mettre en scène les événements. Ce détricotage sans retenue et où l'on balance bien comme il faut sur les médias s'avère drôle et pertinent. Toute l'hypocrisie, l'idolâtrie bêtasse et la suffisance d'un certain milieu, souvent intouchable, sont ici gentiment brocardées. Avec cet épilogue à la saga Fraise et Chocolat, Aurélia Aurita choisit, après tant de pages autour de son nombril, de se frotter aux autres, et ces passages sont de loin les plus réussis du livre. Une piste enfin pour aller vers autre chose. Et un espoir de découvrir sous cette signature quelques futurs bons récits.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/08/2009 )
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