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Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

Les Petits Riens (tome 4) - Mon ombre au loin
de Lewis Trondheim
Delcourt - Shampooing 2009 /  11.50 €- 75.33  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-1728-0
FORMAT : 14,7x21 cm

Chemin dessinant…

Après Lewis dans les mers du Sud ou Lewis contre la FNAC et les souris, voici Lewis aux USA, à Prague, à Angoulême, au ski, Lewis et ses polypes, ses poils blancs, sa console de jeu… Une année de voyages avec le papa de Lapinot, de festival en hommage, le carnet à dessin en bandoulière, le crayon rugissant, prêt à intervenir… Ce côté dessinateur compulsif, toujours aussi séduisant, inspire le principe de ces carnets entamés à l’Association et désormais pérennisés chez Shampooing. Quatrième tome donc : « Mon ombre au loin » – le carnet 2009 – est, dans la lignée des précédents, un petit plaisir à déguster.

Le style et la patte Trondheim sont bien là : un regard un peu distant sur le monde, une pincée de misanthropie, un brin de cynisme plutôt rigolo, et en même temps, un auteur qui semble parfois désarçonné par le monde qui l’entoure et les vicissitudes de l’âge… Un peu d’hypocondrie aussi, mais solidement relevée par une dose d’humour. Bref, un mélange improbable, qui relèverait ailleurs de l’analyse psy, et qui se développe ici en autant de tranches de vie frappées au coin de la dérision. Et avec ça, un coup de crayon toujours enlevé, soigné (le carnet, à mi-chemin du blog et de l’album), finement aquarellé avec un sens des couleurs et des contrastes séduisant. Les épisodes s’enchaînent, comme autant de rêveries éveillées d’un promeneur toujours solitaire (mais souvent entouré : famille, collègues, cicérone, fans…). Bref, ces carnets ont désormais une vie propre : un genre neuf, apparu depuis quelques années, qui explore les paysages du Moi, et Lewis Trondheim fait partie de ces explorateurs. Un plaisir rare aussi, même si la collection Shampooing a su développer le genre, et lui donner doit de cité.

À le lire, on est finalement assez content de vieillir à côté de Trondheim, et de partager quelques petits « dramuscules » quotidiens. Toutefois, il y a un côté un peu crépusculaire à ces carnets qui, en dépit de leur charme, fixent le quotidien d’un créateur qui ne crée plus guère. Lewis Trondheim serait-il le premier retraité du milieu devenu personnage de bande dessinée ? Directeur de collection et collectionneur de miles, il ne publie plus guère que ses carnets, alors que la série Donjon périclite gentiment… Et même si les carnets sont toujours aussi plaisants, comme une belle invitation à un voyage intérieur, Lewis nous manque…

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 24/11/2009 )
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