L'actualité du livre
Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

La manufacture des belles enveloppes
de Chris Oliveros
Delcourt 2016 /  15.50 €- 101.53  ffr. / 104 pages
ISBN : 9782756081694
FORMAT : 19x23 cm

C’est la crise

C’est la crise, pour la manufacture d’enveloppes de Mr Cluthers : les commandes diminuent, la banque s’impatiente, les produits semblent obsolètes, les machines se grippent, tombent en panne ou sont juste dépassées… et le personnel : il y a bien Mr Cluthers, le très motivé patron de l’entreprise, et la fidèle Patsy, secrétaire, confidente. Et puis il y a Hershel, l’employé démotivé, peu ou pas payé, et qui se contente de poser un regard cynique sur ce naufrage. Car l’entreprise est en train de couler, en dépit de ses outils anciens, des ambitions de son patron : la crise, la crise générale, et pour certains, le premier pas vers une solution plus radicale, qui passerait par la chute du toit. Et pendant ce temps, à la maison, Mildred, la femme de Mr Cluthers, rêve d’un bébé… mais peut on faire des bébés en temps de crise ?

Tout le monde n’est pas Seth, l’auteur virtuose de la Confrérie des cartoonists du Grand Nord, et autres Wimbledon Green. Chris Oliveros, aussi motivé soit-il, a de la peine à magnifier ce quotidien sinistre d’une entreprise qui coule. Le graphisme, hommage aux comics des années cinquante, surfe sur ce quotidien déprimé, alternant les évocations de machines et les tribulations des différents personnages… Un graphisme rugueux, avec des personnages rondouillards aux traits à peine esquissés, dans des décors du même acabit. Il pourrait y avoir un parti pris de déconstruction du récit, de la mise en scène, et parfois, il y a effectivement quelques belles trouvailles et quelques jolis hommages à la plastique des années cinquante, mais tout cela reste assez plat, de même que l’histoire. L’émotion, celle de Mildred, s’estompe vite… On aurait aimé un vrai roman graphique sur une imprimerie, avec du réalisme, ou un récit sur la crise, la perte d’espoir, avec une attention soutenue aux personnages. L’album, de ce fait, séduira peut être les amateurs de comics décalé, en quête d’un drame social traité sur le mode léger.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 27/09/2016 )
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