L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Empire USA (tome 3)
de Stephen Desberg et Erik Juszezak
Dargaud 2008 /  10.40 €- 68.12  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-5050-0398-4
FORMAT : 24x32 cm

USA en pire

Dans les épisodes précédents... Jared Gail, l'agent de la CIA tout droit échappé d'un magazine de mode, enquête sur la mystérieuse opération « Ipcon » : un complot, ourdi (forcément) par des membres haut placés du gouvernement américain, et visant (évidemment) à imposer au pays une dictature d'extrême-droite (quoi d'autre ?). Avec l'aide de ses équipiers Duane (le fan ahuri de Star Wars) et Saskia (la mère de famille paumée), Jared remonte la piste d'Ipcon jusqu'à Scarlett (la tueuse aussi belle que redoutable), dont il s'empresse de tomber amoureux (et réciproquement). Sur ces entrefaites, Troy Robredo, le patron de Jared, disparaît sans laisser de traces. À cet imbroglio vient se superposer une sombre affaire de pièce de monnaie trouée ; objet pour lequel une certaine Monica (riche héritière jeune, belle, mystérieuse, et plus si affinités) est prête à payer une petite fortune...

Créée par Stephen Desberg et produite par Dargaud, Empire USA est un thriller conçu sur le modèle des séries télé américaines : un rythme de parution soutenu (6 épisodes en 4 mois), une équipe de choc (chaque album est réalisé par un dessinateur différent), un pitch digne de 24 heures chrono... Concept ambitieux, donc, mais résultat décevant. Avec ce troisième épisode, le feuilleton de l'automne ne gagne pas en intérêt.
L'intrigue, on l'aura compris, accumule sans rougir les clichés du genre : terrorisme et théorie du complot post-11 septembre en sont les composantes principales ; cet album introduit en outre un soupçon d'ésotérisme (avec l'affaire des pièces de monnaie). Pas de surprise non plus dans le déroulement du récit et ses péripéties : les habituelles scènes d'action, séquences de filature et autres parties de jambes en l'air sont au rendez-vous. Quant aux personnages, ils se limitent à des coquilles vides ou des stéréotypes : il y a Jared, le héros, aussi fade que Tintin et Buck Danny réunis (mais nettement plus glamour, certes) ; Duane, son équipier sympa-et-rigolo (dont on attend toujours que les tueurs d'Ipcon aient le bon goût de lui clore le bec une bonne fois pour toutes) ; Saskia, la brave collègue, qui écope de l'inévitable divorce-à-problèmes en guise de seul « background » ; Morris Krove, l'infâme politicien véreux, qui collectionne scrupuleusement toutes les caractéristiques habituelles du « méchant » de thriller (et en arbore sans ambiguïté la physionomie) ; et puis, bien entendu, il y a la galerie de femmes fatales, belles, mystérieuses, redoutables et volontiers dénudées: Jermaine, Monica, Scarlett... Cette dernière est le personnage-clé de l'histoire ; elle bénéficie à ce titre d'un profil psychologique un peu plus creusé, quoique tout aussi convenu.
Pour la partie graphique, après Griffo et Mounier, c'est au tour d'Erik Juszezak de prendre le relais. Hélas, le dessinateur de Dantès est nettement moins convaincant que ses collègues. Son trait est figé, parfois hésitant, et le dessinateur semble avoir beaucoup de mal à « tenir » ses personnages (en particulier féminins).

Les fans acharnés de thrillers politico-musclés, frustrés par la fin de XIII ou l'absence prolongée de 24 heures chrono, trouveront peut-être (s'ils ne sont pas encore blasés par les lieux communs) de quoi combler leur manque avec cette « série télé de papier ». On leur conseillera cependant d'attendre patiemment le retour de Jack Bauer à la télévision.

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 03/11/2008 )
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