L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

La position du tireur couché
de Jacques Tardi et Jean-Patrick Manchette
Futuropolis 2010 /  19 €- 124.45  ffr. / 104 pages
ISBN : 978-2 -7548-0377-9
FORMAT : 22x31 cm

Encore la question des retraites…

Après avoir exploré les univers de Léo Malet, Tardi navigue régulièrement, au gré de quelques ouvrages (Griffu, Le petit bleu de la côte Ouest), dans le polar des années 70, avec l’un de ses auteurs phares, Jean-Patrick Manchette. Avec La position du tireur couché, Tardi adapte l’un des polars les plus réussis de Manchette, l’histoire – finalement très actuelle – d’un départ raté en retraite, et des catastrophes qui s’ensuivent.

Le retraité, en l’occurrence, est un jeune retraité : Martin – devenu Christian – Terrier, est un tueur à gages, le genre discret et efficace, un peu expéditif, pas très sociable, mais fiable. Sauf qu’après une dernière mission en Angleterre, il a décidé de raccrocher, comme ça, à 30 ans. Objectif : retour au pays, retrouvailles avec son amour de jeunesse, Alice Freux, épousailles et vie bourgeoise grâce au trésor amassé dans le crime, et géré par un conseiller financier, Faulques… Assoiffé de revanche sociale, Terrier veut faire un retour triomphal… Oui mais ! Son employeur, Cox, ne le voit pas du même œil et entend bien « convaincre » Terrier de reprendre le flambeau. Son égérie, Alice, est mariée et plus très amoureuse. Son agent financier, Faulques, se suicide après quelques spéculations ratées. Son ex, Nora, vire psychopathe, et une affaire ancienne refait surface. La retraite s’avère un cap difficile pour Terrier…

Un roman (et un bon) de Manchette, illustré par un Tardi toujours aussi inspiré par l’ambiance polar noir et blanc… rien à dire, les amateurs retrouveront avec plaisir le style si particulier, clinique, de Manchette, les thèmes de prédilection, l’art du détournement des codes du polar au profit d’un discours social et politique efficace. Anti-héros par excellence, pas très sympathique, Terrier est un symbole, et un prétexte, le prétexte à une fable cruelle sur le destin et son ironie, sur la difficulté qu’il peut y avoir à lui échapper. La mise en scène de Tardi, très fidèle, s’accorde avec l’esprit du roman, un brin décalé. Une réussite de plus !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 06/12/2010 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)