L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Dark Museum (tome 1) - American Gothic
de Alcante , Gihef et Stéphane Perger
Delcourt - Machination 2017 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-6208-2
FORMAT : 24x32 cm

Musée de l’horreur

Si d’autres séries de bandes dessinées ont choisi de raconter l’Histoire derrière un tableau (comme la collection « Les Grands Peintres » chez Glénat), Alcante et Gihef préfèrent imaginer des intrigues fantastiques, inquiétantes et mystérieuses à partir d’une toile. L’idée est amusante et ce premier tome d’une nouvelle collection, Dark Museum, prouve qu’il y a en effet là du potentiel. Cet American Gothic est un chouette récit qui mêle habilement réalité sociale et horreur pure.

Le tableau de Grant Wood, prétexte à l’album, est archi connu. Un couple de fermiers américains, le père et la fille, devant une ferme. Lui, avec ses petites lunettes et sa fourche a l’air revêche et le regard de celui qui en a vu des vertes, des pas mûres et surtout des moisies. Elle, le regard fuyant, comme soumise, triste, lointaine. Le tableau est devenu une icône, maintes fois cité, copié, parodié, au point de créer l’événement lorsqu’il est exposé hors de son musée d’origine (Art Institute of Chicago) comme il n‘y a pas si longtemps à l’Orangerie à paris pour une exposition temporaire.

C’est donc l’Amérique des années 30, les raisins de la colère, la poussière, les couleurs sépia, les gens qui triment, qui ont faim. Alors qu’un cirque s’apprête à s’installer dans la région, au grand dam d’une grande partie la population, la famille Henkel tente de vivre et survivre face aux difficultés croissantes. Il y a Lazarus (l’homme aux petites lunettes), la mère un peu beaucoup acariâtre, la (vieille) fille, et Caleb, le jeune fils, malade depuis quelques jours et pour sur lequel aucun remède ne semble fonctionner. Les temps sont durs, mais un tour du destin (un accident de voiture) va radicalement changer le cours des choses. Pour le meilleur mais surtout pour l’horreur absolue…

En soignant leurs effets Alcante et Gihef font minutieusement monter la tension dans cette fable cruelle et bestiale qui fera voir d’un autre œil le célèbre tableau. C’est aussi l’évocation d’une Amérique des faibles, quand tout semble perdu. On pense à Carnivale, ou American Horror Story, deux séries qui mélangeaient comme ici l’horreur et la réalité sociale d’un pays en crise.
Un joli cauchemar, parfaitement mis en images par Stéphane Perger, pour les fans d’horreur intelligente. Et le début d’une belle série de visites guidées dans les sombres galeries de ce Dark Museum.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 22/02/2017 )
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