Bande dessinée Policier - Thriller |
Le Dernier Atlas (tome 1) de Fabien Vehlmann , Gwen de Bonneval , Tanquerelle et Fred Blanchard Dupuis 2019 / 24.95 €- 163.42 ffr. / 232 pages ISBN : 9782800171166 FORMAT : 21x28 cm Addictif Ismael Tayeb est un truand, du genre pas commode, lieutenant sans états d’âme d’un caïd nantais… Un homme à poigne, qui sait se faire obéir et ne rechigne pas devant la violence. Mais un lieutenant dans l’âme, qui ne convoite pas le pouvoir du chef, et accomplit fidèlement ses missions, un voyou fiable en somme. Et lorsque Legoff, alias Dieu le père, le chef du réseau, débarque brutalement en France pour faire la nouba, c’est Tayeb qui s’occupe du problème. Car Legoff, truand recherché et caché en Algérie, n’est pas discret. L’intervention de Tayeb lui sauve la mise, mais elle attire sur lui le regard du chef… lequel lui propose une mission : retrouver la pile nucléaire d’un Atlas, ces géants de métal fabriqués en France dans les années soixante pour la construction. Des robots immenses, qui nécessitaient l’énergie nucléaire et un équipage, des légendes de l’histoire française, mis au rebut après des accidents. Tayeb part en Inde sur la trace d’une de ses épaves… mais avec une autre idée en tête : le ranimer, le remettre en marche, et l’utiliser contre une menace inconnue. Car en 2018, dans le désert algérien, une structure étrange venue de l’espace est en train de s’animer, hypnotisant les animaux, contaminant les humains… une menace, indéniablement, capable de modifier jusqu’à l’ADN humaine. Et face à cela, peut-être le seul espoir est-il ce dernier des Atlas. Encore faut-il le réveiller… Polar noir, drame social, thriller mafieux, pamphlet antimondialisation et récit de SF dans une France uchronique… Ce Dernier Atlas s’annonce comme un mélange réjouissant des genres, à mi-chemin entre Scarface et Le Géant de fer. Une ambiance étonnante et extrêmement addictive, où l’on passe des problèmes de territoire des gangs nantais à une menace venue d’ailleurs. Au scénario, que du lourd : Vehlmann, de Bonneval et Tanquerelle ont mélangé, avec efficacité et élégance, les genres, les styles, les atmosphères, les références. Le résultat est bluffant et les intrigues se superposent parfaitement, sans lourdeur. On se demande tout à la fois comment Taleb va s’en sortir, comment cette ruine de dernier Atlas va-t-elle s’animer, et qu’est ce qui se passe dans le désert algérien, qui contamine bêtes et hommes ? Rien de lourd dans ce récit très cinématographique, où tout s’enchaîne impeccablement, servi par le pinceau de Blanchard. Le dessinateur a su donner à l’album cette ambiance un peu classique des polars français des années soixante dix, des films de truands dans des décors urbains, des banlieues maussades ou bien des villas bling bling. Et surtout, chaque personnage est comme casté, avec un style, et une tête de l’emploi. Une série en forme d’hommage à la culture française des années soixante et soixante dix, dont les tonalités rouges, noires et ocres (pour le désert) rappellent le cinéma d’alors. Il y en a pour tous les goûts en somme, dans cette série très prometteuse : du polar comme de l’anticipation, des affaires de voyou comme de la SF. L’hommage, dès la couverture, à la belle époque du cinéma français, ainsi que les multiples références cinématographiques séduira les générations de lecteurs plus anciens, cinéphiles autant que bédéphiles. Mais plus globalement, tous ceux qui cherchent un album original, au style et à l’intrigue ambitieuse, qui sait jouer des codes de l’intrigue sans jamais en abuser, apprécieront ce Dernier Atlas et sa galerie de truands hauts en couleurs. Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 02/05/2019 ) |
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