L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Partie de plaisir
de Patrick Delperdange et Thierry Cayman
Casterman - Un Monde 2006 /  14.75 €- 96.61  ffr. / 72 pages
ISBN : 2203391375
FORMAT : 24 x 32 cm

La fièvre dans le sang

Amérique, années 50. Matt Conway, un agent de la Food & Drugs Administration, est chargé de saisir et brûler les travaux du psychanalyste Wilhelm Reich, dont la majorité des travaux portent sur l’énergie sexuelle. Intrigué par les quelques lignes d’un livre de Reich qu’il lit par curiosité, Conway subtilise quelques ouvrages. Leur lecture semble avoir des effets extraordinaires sur sa vie sexuelle : Conway découvre en son épouse une fougueuse amante, insoupçonnée… Mais le soudain appétit sexuel de Carol est-il vraiment dû aux enseignements de Reich ? N’y aurait-il pas plutôt un autre homme derrière tout cela ?

« Pourquoi la justice américaine a-t-elle souhaité […] faire disparaître toute trace des derniers travaux de Wilhelm Reich ? Quelle peur les officiels américains, juges et agents de la FDA, ont-ils éprouvée face aux recherches de cet homme ? Qu’ont-ils découvert dans les documents de l’Institut de l’Orgone qui leur a fait craindre pour la santé mentale et la vie des citoyens américains ? Qu’est-ce que Reich avait donc trouvé de si dangereux au cours de ses travaux sur l’énergie sexuelle et sa répression […] ? » Voilà les passionnantes questions que s’est posées Patrick Delperdange pour imaginer le scénario de cette Partie de plaisir, qu’il signe avec Thierry Cayman au dessin. Malheureusement, le résultat est décevant et l’on reste sur sa faim. La lecture de l’album n’a rien de désagréable, mais Delperdange se contente de survoler ce qui aurait fait toute l’originalité de son scénario : les théories de Reich. Pas une seule fois on n’explique au lecteur ce que sont les fameux « accumulateurs d’orgone », d’étranges isoloirs qui jouent pourtant un rôle important dans le récit. Pour Reich, en effet, la sexualité avait pour fonction de libérer les êtres humains de « l’énergie d’orgone », libération nécessaire à sa bonne santé mentale, à la guérison de ses névroses. Les accumulateurs d’orgone visaient à faciliter cette libération. Sans connaître tout cela, le lecteur ne fait pas forcément le lien avec la phobie de l’obscurité dont souffre Matt Conway.

Les deux niveaux de l’intrigue – le mystère Carol et les théories de Reich – restent donc plutôt hermétiques l’un à l’autre, et c’est bien dommage. On referme l’album avec l’impression d’avoir lu un thriller classique, qui ne demandait qu’à être un thriller original.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 24/03/2006 )
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