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Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Poison (tome 1) - Immersion
de Laurent Astier
Dargaud 2006 /  11 €- 72.05  ffr. / 96 pages
FORMAT : 24 x 32 cm

Les risques du métier

Avec Poison, c’est un polar noir qui émerge sous la palette aux couleurs froides posées en à-plat (rouge, bleu, vert, jaune, violet…) dans les cases amples de Laurent Astier. Claire Guillot en est le personnage central. Cette belle et brillante jeune femme fraîchement diplômée de l’école de police de Cannes-Ecluses est repérée pour ses qualités. On lui propose d’intégrer la « Poison », cellule de lutte contre les réseaux de prostitution en Europe. Attention, pas d’angélisme : il ne s’agit pas de sortir des pauvres filles de la rue, il s’agit de devenir l’une d’elles…

Dans ce premier tome au format inhabituel de 96 pages, Laurent Astier met en place son personnage principal et le milieu dans lequel Claire éclot : l’école de police d’abord, la brigade des mœurs ensuite. Milieux masculins et sans beaucoup de pitié où l’on se demande si Claire va réussir à ne pas se laisser bouffer toute crue… Astier parvient parfaitement à faire ressentir l’étau qui se resserre autour d’elle, dès ce premier tome, et alors que son « immersion » n’a pas encore commencé, puisque l’album se referme au seuil de sa « première nuit en enfer » - comprenez sur le trottoir.

Mais c’est aussi une judicieuse (et classique) construction en ellipses temporelles qui nous laisse pressentir sa descente dans la géhenne urbaine. L’album s’articule ainsi sur trois périodes : une violente scène d’ouverture de quelques pages au Kosovo, en 1999, où un certain Zoran assiste à l’enlèvement de sa petite sœur ; le quartier parisien de Pigalle en 2007, où l’on retrouve Zoran, policier en planque en duo avec une plantureuse Clara (Claire, bien sûr…) cocaïnomane – une scène plutôt violente, là encore, qui se termine par un meurtre ; et enfin, l’école de police de Cannes, en 2003, et cette période charnière pour Claire, plus tout à fait élève-policière, pas encore tout à fait au cœur de sa première mission sur le terrain.

L’effet de ces ellipses temporelles est efficace : la curiosité du lecteur est piquée. On suppose que Zoran s’est lancé à la recherche de sa sœur, probablement jetée sur le trottoir par un réseau mafieux, tandis que Claire / Clara a mal résisté aux risques de son infiltration. Ce sera bien sûr l’enjeu des prochains tomes que de nous délivrer la suite du puzzle. Pour l’instant, la trame est bien en place, les 96 pages laissant le temps à Laurent Astier de déployer son petit univers et de commencer à creuser ses personnages. Un bon premier tome, donc, à suivre.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 31/05/2006 )
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