L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Rangaku (tome 1) - La Cité sans nuit
de Luca Enoch et Maurizio Di Vincenzo
Les Humanoïdes associés - Dédales 2007 /  10.40 €- 68.12  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2731617535
FORMAT : 22,5x29,7 cm

Les experts aux pays du soleil levant

La collection « Dédales » des Humanos, version BD des « Grands Détectives » de 10/18 (pour résumer le concept) s’enrichit d’un nouvel enquêteur, et d’une nouvelle époque : cette fois-ci, c’est le Japon du XVIIe siècle, celui d’avant l’ère Meiji, fermé à l’Occident (à l’exception notable des Hollandais) et à toute influence venue des barbares d’Europe (et notamment leur religion). Un univers étonnant donc, incontestablement exotique, propre à attiser la curiosité. Et c’est à Nagasaki qu’arrive Hendrik Van Effen, chirurgien de marine de son état, costaud, barbu, rouquin (autant dire qu’il ne passe pas inaperçu dans une foule nippone)… et curieux, de fait. Le premier face à face avec la caste des samouraïs est rude, mais en sauvant un jeune guerrier blessé par accident, Van Effen se créé un débiteur en la personne de son oncle, Takeda Kenshin, puissant samouraï. Et lorsque le jeune homme, sauvé une première fois de la mort, est retrouvé décapité, c’est tout naturellement vers le Hollandais que Kenshin se porte, pour l’aider à démêler les fils d’une sombre affaire où le seul indice s’avère être un objet interdit, un crucifix… Il est temps pour Van Effen de mettre pied-à-terre et de parcourir un pays secret, en quête d’une religion qu’il connaît bien, mais qui est proscrite. Pour Kenshin comme pour van Effen, l’heure est également venue de faire tomber les préventions, d’apprendre à se connaître et de collaborer.

Une fois de plus, la collection « Dédales » fait un pari gagné, celui d’une adaptation en bande dessinée de polars historiques : avec ce nouvel enquêteur aux compétences scientifiques et médicales, genre « les experts au XVIIe siècle », le lecteur entre dans une société étrange, un peu déroutante, celle du Japon féodal et violemment anti-occidental, un Japon rythmé par le code de l’honneur et le respect des traditions. À cet égard, le scénario de Luca Enoch est efficace : sans surcharger son récit de termes originaux et de notions compliquées, le scénariste sait faire entrer ses lecteurs dans un univers différent et, en douceur, les acclimater à la civilisation nippone et à ses valeurs. Aussi l’intrigue est-elle une réussite, et passée la première page, on ne quitte plus l’album avant la fin, provisoire. Toutefois, le graphisme de Maurizio Di Vincenzo est d’une facture très classique, un peu laborieuse, scolaire pourrait-on dire : il manque la touche de légèreté, le flou poétique, l’once d’originalité qui distingue le dessinateur inspiré. Il est en outre desservi par un jeu de couleurs assez criard… C’est un désagrément, compensé toutefois par le goût maniaque du détail. Bref, l’ambiance ne tient qu’à l’intrigue, guère au graphisme… C’est regrettable, même si l’ensemble, tel quel, s’avère assez captivant pour exiger rapidement une suite.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/03/2007 )
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