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Bande dessinéeet Aventure  

Champignac - Enigma
de Beka et David Etien
Dupuis 2019 /  14.50 €- 94.98  ffr. / 64 pages
ISBN : 9782800174785
FORMAT : 24x32 cm

Pacôme sans Spirou

Tout le monde aime le comte de Champignac, déclinaison gentille du savant fou, obsédé par les champignons et bricoleur de génie. Il ne lui manquait plus que sa série, c’est chose faite. Encore faut-il le libérer de Spirou (qui apparaît quand même à la fin) et Fantasio : un détour par le passé suffira. En route donc dans la Belgique des années 40, envahie par les nazis : le comte de Champignac, tout à ses découvertes, ne mesure alors pas le danger de la situation… mais il est contacté par un collègue anglais, par le biais d’une lettre cryptée. Son attention captivée, le comte fuit à Londres – ça tombe bien, son château est investi par l’ennemi – puis à Bletchley park, mythique centre de recherche allié dédié au décryptage des codes secrets allemands, et notamment de la machine à crypter Enigma. Pour le gentil savant, c’est la découverte, pêle-mêle, de l’amour, sous les traits d’une championne de mots croisés très astucieuse, Blair, de la guerre et de ses choix cruels et de l’avenir, sous les traits d’un autre génie (historique, lui), Alan Turing, l’inventeur de l’ordinateur. C’est sur le terrain scientifique que le comte prend les armes… encore faut-il convaincre les grands de ce monde, à commencer par Churchill.

L’idée est bonne : après Spirou confronté au totalitarisme et à l’occupation, il fallait bien que d’autres héros aient eux aussi un passé. Avec le comte de Champignac, c’est à l’histoire des sciences que l’on s’attaque. Et là, les auteurs ont choisi l’un des moments importants de la guerre, celui où la stratégie allemande s’éclaire… et au passage celui où un génie singulier comme Turing développe le principe de l’ordinateur. Une petite allusion au sigle d’Apple (qui viendrait effectivement de Turing) est d’ailleurs glissée dans le récit. Autre charme de l’ouvrage, les rencontres avec quelques sommités gentiment caricaturées (Churchill, Ian Fleming, …).

Le graphisme de David Etien rappelle celui d’Uderzo, jouant sur le réalisme et la caricature pour donner au récit un ton à la fois drôle et historique. Si on est loin de la guerre, celle-ci n’est pas cachée et, au delà des amours du comte, on devine une Europe en guerre. Certes, la véracité historique est un peu malmenée, mais le plaisir est là, et cette version assez pédagogique des aventures du comte de champignac laisse augurer d’autres épisodes forcément motivants (la bombe A ? l’Espace puis la lune… ?).

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 06/02/2019 )
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