Bande dessinée Aventure |
Les Voyages de Gulliver - De Laputa au Japon de Bertrand Galic et Paul Etchegoyen Soleil - Noctambule 2020 / 17.95 €- 117.57 ffr. / 112 pages ISBN : 9782302072657 FORMAT : 28x20 cm Sur les routes Connaissez-vous Laputa, l’île dans le ciel ? Avez-vous visité Lagado et ses chercheurs fous, à moins que vous n’ayez croisé le roi thaumaturge de Glubbdubdrib ou encore les immortels Struldbruggs ? Si vous n’avez rien connu de tout cela, alors lisez les récits de voyage du malheureux Gulliver, de Jonathan Swift, autant de voyages philosophiques dans des contrées singulières, en quête d’un improbable retour à la maison. Dans cette version magistralement mise en scène par Paul Etchegoyen, on découvre un monde fantastique, hors de notre réalité en somme, et dont Gulliver est un spectateur fasciné et accablé, errant d’une dictature impitoyable et céleste (Laputa) à un royaume dont le souverain peut ramener à lui toutes les gloires du passé. Parti commercer avec le Japon, capturé par des pirates et abandonné à son sort, Lemuel Gulliver est un touriste à la manière d’Ulysse, passant d’un lieu à un autre, d’un décor à un autre, d’un mystère à un autre, en quête d’un chemin. Car chaque escale est l’occasion d’une découverte, d’une interrogation, et même d’un dilemme philosophique… le classique de Jonathan Swift n’a pas pris une ride et reste un grand roman des Lumières. Un roman magnifiquement adapté par Bertrand Galic, qui a opté pour une transposition libre : on passe l’épisode ultra connu de Liliputt pour s’aventurer dans les contrées moins familières du public, car moins exploitées par la culture populaire. Si Laputa jouit d’une certaine popularité grâce notamment à Miyazaki et à son film, le reste des voyages vaut autant le détour, et les auteurs ont su en donner une vision poétique et grandiose, dans l’esprit de Swift. Le graphisme, de Paul Etchegoyen, est magnifique et capte immédiatement l’attention du lecteur, happé par cette couverture qui brille doucement. En particulier, on salue l’attention portée aux habitants des divers royaumes, au profil étrange (on les croirait tout droit sortis d’une œuvre antique, byzantine), la représentation des différents royaumes visités (mention spéciale pour Laputa et Lagado, avec ses constructions inverses). Cette mise en image profite aussi d’un extraordinaire travail des couleurs : jouant sur les jaunes, les marrons, les tons métalliques et le mordoré, les lumières, Etchegoyen livre un univers onirique, moiré, dans lequel Gulliver et son allure très européenne se promène. Il est toujours difficile de faire du neuf avec du vieux et du classique : cela suppose non seulement du talent, mais surtout une belle fantaisie et une liberté d’esprit tempérée par un sentiment de fidélité au texte. Il y a tout cela dans cette adaptation qui fera date, qui dépoussière une histoire trop résumée à Liliputt, et qui donne à ce grand roman de nouvelles lettres de noblesse. Une belle surprise et une pépite pour tous les amateurs de fantastique léger et littéraire. Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 12/01/2021 ) |
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