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Bande dessinéeet Aventure  

Western
de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme
Le Lombard - Signé 2001 /  11.6 €- 75.98  ffr. / 64 pages
ISBN : 2-8036-1662-9

Le Far West des parents de "Thorgal"

Ce Western est une bouffée d’air pur. D’abord parce que, contrairement à ce qu’on pouvait penser à la lecture des derniers tomes de Thorgal, il prouve que Rosinski et Van Hamme ont encore du talent, dès lors qu’ils se donnent un peu de mal et décident de sortir de leurs sentiers parfois trop balisés. Ensuite parce qu’il renouvelle totalement le genre du western en BD, évitant de nous offrir un remake inutile de Blueberry ou de Durango, héros essoufflés de séries pourtant cultes. Ici, et c’est l’avantage du "one shot" par rapport aux aventures successives des mêmes personnages. En quelque 64 pages, le lecteur aborde une histoire complète, celle d’un homme ordinaire, produit de son époque mais guidé par une universelle quête de soi.

Dans le Wyoming de la fin des années 1850, un riche éleveur, Ambrosius Van Deer, offre une récompense pour retrouver son neveu disparu, enlevé jadis par les Sioux Lakota. Un certain Jesse Chisum décide de faire passer son frère pour cet Indien blond aux yeux bleus. Mais il est pris dans un guet-apens initié par Van Deer, qui voulait en fait supprimer son héritier, pour léguer toute sa fortune à sa seule fille Cathy. Van Deer et Jesse sont tués, Nate s’en sort malgré une blessure au bras, et part en emmenant le regard de la jeune Cathy, terrifiée.

Bien des années plus tard, toujours obsédé par la beauté de la fille Van Deer, il décide de forcer le Destin en s’installant à proximité du ranch. Sans se douter que, comme dans les tragédies antiques, c’est le Destin qui se joue des hommes et non l’inverse. Van Hamme manipule ici les vies avec brio et imagine l’histoire d’un cow-boy vagabond rongé par la douleur, la culpabilité et l’amour, usant de la cruauté autant qu’il la subit.

L’authenticité qui se dégage de cette plongée dans l’Ouest américain le plus rural qui soit doit beaucoup à l’extraordinaire graphisme sépia, où toutes les vignettes sont autant de photos jaunies par le temps. Ménageant des pauses au lecteur happé par les rebondissements du hasard, Rosinski a en plus inséré cinq double pages, cinq huiles sur toiles qui évoquent bien sûr les grands peintres de l’Ouest, mais aussi l’école de Barbizon et notamment Jean-François Millet. La nostalgie que ce dernier a placé dans son Angélus, ses lumières et ses teintes, se retrouvent dans les cinq tableaux de Rosinski, dont les orignaux doivent déjà être la cible des collectionneurs. L’album, lui, est heureusement à portée de tous les lecteurs.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 20/06/2001 )
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