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Bande dessinéeet Aventure  

Péma Ling (tome 1) - De larmes et de sang
de Georges Bess
Dupuis - Repérages 2005 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 64 pages
ISBN : 2800137061
FORMAT : 22 x 30 cm

Etoile des neiges…

La vie commence mal pour Péma Ling, une petite Tibétaine tranquille : sa sœur, son frère et son père, Tsanga - un artiste itinérant peu enclin à courber l’échine devant n’importe quel tyran de village - ont été assassinés sur l’ordre du gyalpo (un chef local). Echappée par miracle du massacre et recueillie par son oncle Sonam, la petite fille est cachée au sein d’un monastère où elle doit se déguiser en garçon pour survivre. Choquée, elle demeure muette dans ce lieu à l’écart du monde, ritualisé et cloisonné. C’est la découverte d’un univers étrange, où le surnaturel n’est jamais éloigné, où les arts martiaux sont une forme de prière… un monde qui n’est certes pas fait pour une petite fille. Mais Péma Ling, assoiffée de justice ou de vengeance, va y trouver une raison de vivre en apprenant une sorte de kung fu lamaïque. La lionne commence à aiguiser ses griffes.

Depuis le cycle du Lama blanc, fruit de la collaboration de Georges Bess et d’Alessandro Jodorowsky, le Tibet a conquis ses lettres de noblesse dans la BD. Avec cet album, prémices d’un nouveau cycle, Bess, désormais seul, reprend les chemins d’un Tibet ancien pour suivre la trace d’une guerrière fabuleuse, chef d’une bande de brigands, la lionne des neiges. Bref, l’histoire d’une héroïne hors normes dans un décor à la fois rude et exotique. Avec cet album, le dépaysement est total : les amateurs du Lama blanc apprécieront de se plonger de nouveau dans un pays complexe, à l’organisation féodale, souvent sous-titré (la lecture intégrale de l’album vaut un cours de tibétain) et surtout dans un récit prenant, rythmé par les souvenirs de Péma Ling.

Graphiquement, Georges Bess fait une fois de plus la démonstration de son talent de dessinateur : le trait est fin, précis, assez réaliste, quasi ethnologique, comme un reportage dans un monastère tibétain. La mise en scène est très nerveuse (les combats notamment), scandée par quelques belles planches de paysages. Une excursion autant qu’une lecture ! Bess brille également comme coloriste : l’album décline les rouges et les jaunes sur tous les tons, figurant à la fois le sang et la violence, mais aussi la spiritualité des moines. Bref, si ce n’est pas une suite au Lama blanc, c’est en tous les cas une alternative féminine de belle facture, à suivre.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 09/10/2005 )
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