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Bande dessinéeet Aventure  

De Cape et de Crocs (tome 7) - Chasseurs de chimères
de Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou
Delcourt - Terres de légendes 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84789-925-1
FORMAT : 23 x 31 cm

Le Roman du Renard et du Loup

Le rideau s’ouvre une septième fois sur la drôle de scène construite par deux experts charpentiers. Avec De Cape et de Crocs, le scénariste Alain Ayroles et le dessinateur Jean-Luc Masbou tiennent de main de maître les rennes d’une série riche en rebondissements, peuplée de personnages étonnants et située dans un univers où la fantaisie et l’aventure vont de pair. Le succès que connaît la série depuis maintenant plus de dix ans est amplement mérité, et ce septième épisode, loin de montrer le moindre signe d’affaiblissement, peut même être considéré comme l’un des tout meilleurs, faisant oublier les moments creux où l’action semblait piétiner quelque peu.

Il faut dire que depuis que l’intrigue s’est déplacée de la Terre à la Lune, le souffle épique des premiers actes s’est doublé d’un imaginaire fantastique parfaitement maîtrisé, source d’événements toujours plus surprenants et vivier de créatures fabuleuses et insolites. Ici, les grandes villes bougent et changent de place, les navires voguent sur des mers de sable, sur les arbres pousse de l’or et dans le ciel volent des partitions musicales… Pour Don Lope, le loup, et Armand de Maupertuis, le renard, tous deux fins bretteurs et habiles parleurs, l’aventure prend un nouveau tournant. Afin d’aider le roi de l’astre lunaire à contrer les machiavéliques plans du fourbe prince Jean, les deux héros animaux partent à la recherche du mystérieux et puissant Maître d’Armes, en retraite quelque part sur l’îlot d’Oxymore, sur la face cachée de la Lune...

Servi par une mise en scène pleine de rythme et de bonne humeur, l’univers de la série continue de brasser les influences puisées dans diverses et augustes œuvres. Sont ainsi convoqués les farces de Molière et les Utopies de Thomas More, les joutes de Jean Marais et l’imaginaire de Münchausen ou Jules Verne, les masques de la commedia dell’arte et le roman d’aventures de Stevenson… Les textes d’Alain Ayroles continuent de plagier quelques pièces du patrimoine, et le scénariste se permet plusieurs morceaux de bravoure lors de joutes verbales convoquant deux experts en alexandrins… Tout ce travail sur la langue est remarquable et source de moments très drôles, rappelant parfois l’humour complice et référentiel d’un Goscinny. Quant au travail de Jean-Luc Masbou, il gagne encore en précision et en dynamisme. Si l’on excepte une réserve, la même depuis le début de la série, sur le graphisme des personnages féminins souvent gauche et banal, tout le reste est un régal pour les yeux, fourmillant de détails et d’idées.

Les couleurs, toujours soigneusement travaillées, jusqu’à une préciosité certes discutable, suggèrent toujours de belles ambiances, notamment des scènes nocturnes très réussies. Si l’on complète cet épisode mouvementé par quelques moments spectaculaires parfaitement maîtrisés (la traversée de la Mer de l’Étrange, l’attaque du rat géant…), et un pied de nez final malicieux, nul besoin de chercher plus loin son plaisir, le divertissement est inévitablement au rendez-vous. On ne peut alors que souhaiter encore bon et grand vent aux auteurs pour la suite !

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 04/02/2006 )
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