Bande dessinée
Aventure de Sylviane Corgiat et Christelle Pécout
Les Humanoïdes associés 2006 / 12.90 €- 84.5 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-1688-1
FORMAT : 24x32 cm
Vengeance glacée
Depuis déjà deux albums, assez réussis, les amateurs de jolies femmes, de piraterie et d’aventures orientales suivent la trace de Soledad, une jeune veuve andalouse devenue pirate et sorcière (ça fait beaucoup !) pour venger son fils Jorge, exécuté par Ibrahim, un affreux pirate mauresque. Ce qui fait l’un des charmes de la série est que l’on suit parallèlement deux histoires : celle de la vengeance de Soledad, et, des années plus tard, une affaire d’enlèvement et de trahison qui met l’héroïne aux prises avec un aveugle récalcitrant, un équipage en pleine mutinerie, le régent d’Alep (et ses ambitions démesurées) et un autre pirate nommé Nizam. Bien entendu, il y a une histoire de trésor là-dedans, et d’île maudite peuplée de démons cornus : bref, un bon récit de piraterie à la sauce fantastique, avec bagarres, abordages, trahisons et magie noire. Et un bonus : si d’emblée, on savait que la vengeance avait été accomplie, on en ignorait encore les modalités pratiques. Avec ce troisième tome, le lecteur appâté par ce récit bien mené va enfin pouvoir, comme Soledad, goûter à ce plat qui se déguste glacé et connaître enfin la fin d’Ibrahim.
Sylviane Corgiat, discrètement, est en train de se faire un nom dans le fantastique – historique ou non – de qualité. En attendant la suite de l’excellent Elias le maudit, elle poursuit ici le destin de son héroïne fétiche, la belle Soledad. Et comme dans les autres productions de cette scénariste et romancière chevronnée, l’affaire est bien ficelée : les révélations et coups de théâtre scandent l’histoire et imposent au lecteur un rythme fiévreux, comme l’un de ces films dont on ressort épuisé. Les péripéties sont autant d’accroches pour une histoire qui donne envie de continuer (un exemple simple : ligotée à son pire ennemi, sur une simple planche perdus sur l’océan, comment Soledad va-t-elle s’en tirer ?). Quant au graphisme de Christelle Pécout, il semble particulièrement inspiré par ce récit oriental et maritime : le trait est à la fois sobre et efficace, développant un décor des mille-et-une-nuits assez stéréotypé pour séduire et faire rêver, un Orient comme on les aime. Plus qu’un album…
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 09/06/2006 )
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