L'actualité du livre
Bande dessinéeet Aventure  

Mandalay (tome 1) - Les Miroirs de l'Ombre
de Philippe Thirault et Butch Guice
Les Humanoïdes associés 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-6306-5
FORMAT : 24x32 cm

Mystères birmans

Cela ressemble à un bon Indiana Jones, ou encore à une version coloniale des aventures de Lara Croft : la Birmanie du temps de la colonisation britannique, une légende ancienne, un culte maléfique, trois miroirs sacrés aux pouvoirs immenses, et une dynastie de sorciers censés les surveiller et protéger l’humanité. Avec de si bon prémices, pourquoi se priver ?

L’histoire commence au XVIe siècle, avec un prince birman, San Win, devenu puissant et maléfique après avoir été possédé par des divinités démoniaques au cours d’un rituel de sorcellerie. Le sorcier à l’origine du rituel, Tran Sung, n’a d’autres choix que de tuer son souverain, et de veiller à ce que le rituel ne soit pas renouvelé, une mission qu’il transmet à ses descendants. Cinq siècles plus tard, les Britanniques dominent la Birmanie et y font peser un joug colonial. Le nationalisme birman va toutefois trouver un allié inattendu en la personne de Leng, dernier descendant de la lignée de Tran Sung et désireux de se venger de l’occupant anglais. Pour cela, il manipule Alex Waters, un jeune étudiant, fils du gouverneur et amoureux d’une aristocrate birmane, et reconstitue le fameux rituel interdit, ouvrant une fois de plus la porte du monde humain à des créatures maléfiques incarnées dans ce jeune homme.

Il y a dans cet album une fascination manifeste pour l’Orient, du moins cet Orient de jungle étouffante et de temples ensevelis sous la végétation… Même charme des ruines et d’un monde souterrain où sont cachés des secrets menaçants : voilà un décor assez rarement investi par les auteurs de bande dessinée et il s’agit là de ne pas bouder son plaisir. Philippe Thirault (Miss, La Meute de l’Enfer, Mille Visages…) revendique des influences classiques et cinématographiques (L’Homme qui voulut être roi, d’après Rudyard Kipling, Rangoon de John Boorman) pour livrer un récit double, à la fois fantastique, surnaturel et en même temps un tableau de la société coloniale et de ses tensions à travers l’histoire d’une famille déchirée par des sentiments contradictoires. Original et efficace. Quant au graphisme de Butch Guice (Olympus), il est tout aussi indéniablement efficace, très réaliste : passé par l’univers des comics (Marvel, DC, CrossGen…), Guice s’attache plus particulièrement aux visages et aux expressions, très réussies. Toutefois, son crayon ne brille guère par son originalité, ni par son sens du mouvement : l’ensemble est parfois un peu figé, trop classique, façon comic des années 60. Si ce n’était le continent, on se croirait dans un épisode du Jungle Jim d’Alex Raymond, ou dans un vieux Tarzan (avec la Cité d’Opale). Au final, une série prometteuse donc, de facture très (trop ?) classique, mais qui ravira les nostalgiques des vieux serials américains et des ambiances de jungle.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/07/2006 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)