L'actualité du livre
Bande dessinéeet Aventure  

Miss Endicott (tome 1)
de Jean-Christophe Derrien et Xavier Fourquemin
Le Lombard - Signé 2007 /  15 €- 98.25  ffr. / 84 pages
ISBN : 9782803622399
FORMAT : 24x31,5 cm

Tea time & underground

Miss Endicott est loin d’être une gouvernante très conforme. Lorsqu’elle pénètre la première fois chez les Folsey c’est par un tirage de langue qu’elle rentre en contact avec le jeune Kévin. Plus tard, elle cuisinera kebab et riz basmati au lieu du traditionnel souper. Et pour finir, elle se met à jouer de la cithare pour accompagner la fin de soirée. Dans ce monde de la haute bourgeoisie anglaise, cette Miss Endicott est un drôle de numéro, une sorte de cousine pas très éloignée de Mary Poppins.
Et la demoiselle aggrave son cas la nuit. Comme les super héros, la voilà qui aborde une autre identité de justicière nocturne. Ou plutôt de « conciliatrice » comme elle se plaît à le rappeler. Elle reprend là le flambeau de sa maman, la respectable Maggie Endicott tout juste disparue. Et son rôle est d’aider les gens de la cité dans leur soucis quotidiens. Sa première affaire la mène dans les quartiers louches et mal famés de la ville : une jeune femme vient se plaindre que l’on gratte à sa porte toutes les nuits. Événement aussi étrange qu’inquiétant qui va conduire Miss Endicott à découvrir tout un monde souterrain, toute une mystérieuse société qui s’organise autour d’une inquiétante machine...

Avec ce personnage de gouvernante justicière, Xavier Fourquemin et Jean-Christophe Derrien façonnent une nouvelle héroïne de bande dessinée pleine de charme et de caractère. Évoluant dans une cité anglaise (Londres ?) à la Dickens, la jeune rouquine suffragette avant l’heure n’a besoin que d’une paire d’aiguilles à tricoter pour se faire respecter dans ce monde de brutes. Bref, Prudence Endicott est une nounou épatante, et ce bel album plonge avec bonheur le lecteur dans une ambiance so british délectable ; le genre d’univers où l’on prend le thé au coin du feu avant d’aller visiter les faubourgs plongés dans le fog et les galeries souterraines infestées de grosses bêtes qui n’ont rien du rat…
L’album se découvre comme un bon roman d’aventures, avec son ambiance rétro et ses exploits ahurissants. Le scénario de Derrien ménage quelques surprises et l’on reste accroché d’un bout à l’autre du récit sans s’ennuyer, jusqu’au démoniaque rebondissement final… Quant au dessin de Fourquemin, travaillé dans la plus pure tradition, il est d’une grande qualité, notamment dans les décors et le découpage. On reprochera parfois un manque de caractérisation physique des personnages qui ont tendance à se ressembler. Les couleurs terreuses et verdâtres de Scarlett Smulkowski (drame des coloristes de bande dessinée dont on doit aller chercher le nom écrit en tout petit au-dessus du dépôt légal !...) finissent en beauté le tableau de cette Angletterre Victorienne éclairée à la bougie, aussi distinguée qu’elle sait être crasseuse.

Enfin, profitons de la parution de cet album pour saluer la nouvelle figure de la collection « Signé » du Lombard : on nous annonce ainsi de beaux livres à la maquette séduisante, remplis de grands récits populaires et soignés qui brisent le sacro damné 48 pages. De belles promesses d’ores et déjà tenues avec ce premier tome de Miss Endicott.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 05/09/2007 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)