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Bande dessinéeet Aventure  

La jeunesse de Blueberry (tome 16) - 100 dollars pour mourir
de François Corteggiani et Michel Blanc-Dumont
Dargaud 2007 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-205-05659-4
FORMAT : 22,5x30 cm

Coup de vieux pour la « Jeunesse »

Alors que le retour de « Mister » Blueberry, le « gambler » aux tempes grises, ne semble pas à l'ordre du jour, c'est le passé du lieutenant au nez cassé qui fait l'actualité. Un album compilant les flashbacks du cycle « OK Corral » paraîtra à la fin du mois ; quant à la série parallèle, consacrée aux exploits du jeune Blueberry pendant la guerre de sécession, son rythme de parution est de plus en plus soutenu. Seizième album de La jeunesse, « 100 dollars pour mourir » ouvre un nouveau diptyque.

Dans cette aventure, notre fougueux héros, flanqué de l'inévitable sergent Grayson, se lance à la poursuite d'un employé de la banque Rothschild enlevé par un groupe d'indiens fanatiques. Le captif était responsable d'un convoi d'or destiné à financer l'effort de guerre des deux camps. Alertées par Allan Pinkerton, les huiles nordistes et sudistes s'allient pour retrouver l'homme de Rothschild et son précieux convoi...

Lorsqu'il n'est pas en train de recycler des idées déjà exploitées par Jean-Michel Charlier, Corteggiani ne semble pas trop savoir quoi faire de son personnage. Malgré un point de départ intéressant (qui donne l'occasion au scénariste de montrer la guerre sous un angle particulièrement cynique), « 100 dollars pour mourir » est un album à l'intrigue confuse et pas franchement palpitante. Le lecteur s'intéressera d'autant moins aux aventures vécues par le héros, que les motivations de celui-ci ne sont même pas explicitées. Au fil des albums, au lieu d'acquérir peu à peu le fort caractère et le charisme de son homologue « adulte », le jeune Blueberry est devenu de plus en plus transparent. Quant à son fidèle compagnon, le sergent Grayson, il l'a toujours été. L'impression factice qui se dégage de l'ensemble est renforcée par la lourdeur des dialogues (certaines répliques ont l'air de sortir d'un album de Jacques Martin...). On saluera tout de même la volonté toujours présente d'inscrire la fiction sur des faits historiques, et de mettre en lumière des aspects peu connus de la guerre de sécession.
Côté graphique, le trait sage et appliqué de l'ex-dessinateur de Cartland semble toujours aussi peu adapté à l'univers violent et crasseux de Blueberry. Les personnages de Blanc-Dumont sont des mannequins de cire, inexpressifs et raides. Restent les décors, toujours aussi soignés, et la mise en couleur élégante de Claudine Blanc-Dumont.

Alors que, dans la série principale, Jean Giraud ne cesse d'expérimenter, de se mettre en danger, de se réinventer sous l'oeil admiratif du lecteur, les auteurs de la série parallèle s'enlisent dans une routine paresseuse et morne. C'est dommage, car les premiers albums (notamment ceux signés Charlier et Wilson) étaient autrement plus énergiques. Blueberry, mon ami, qu'as-tu fait de ta jeunesse ?

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 09/10/2007 )
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