L'actualité du livre
Bande dessinéeet Aventure  

Cuba 42
de Ottavio De Angelis et Anna Brandoli
Vertige Graphic 2007 /  14 €- 91.7  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-84999-052-0
FORMAT : 22x30 cm

Série B

Étrange initiative que de rééditer cet album méconnu, datant de 1993 et d’abord publié en France par les défuntes éditions Bagheera. Étrange car le livre est loin d’être, malgré ses quelques qualités, l’un de ces classiques oubliés dont on pouvait attendre avec impatience une ressortie. Étrange encore car les auteurs n’ont pas une actualité débordante qui pousserait à découvrir leurs premières œuvres. Étrange enfin car Vertige Graphic nous avait habitué à plus de pertinence et de singularité dans ses choix éditoriaux, tant dans la découverte de talents francophones (Pralong, Long) ou étrangers (Gipi, Clowes, Ponchione…) que dans les rééditions de classiques du patrimoine (Breccia, Tatsumi ou Kirby).

Bref.

Cuba 42 est une histoire d’espionnage qui fleure bon les classiques hollywoodiens à l’exotisme de carton-pâte et le serial un peu désuet. On est là dans une intrigue somme toute très classique, où espions, femmes fatales, grandes gueules exubérantes et héros de passage sont au rendez-vous, dans un Cuba ensoleillé et chaleureux. La deuxième guerre mondiale sévit en Europe et les migrations vers le nouveau continent sont nombreuses. De retour d’Espagne, l’Italien Dominici est l’un de ces expatriés, au passé un peu trouble, qui vogue vers la côte sud-américaine. Très vite, arrivé à La Havane, il fait la connaissance de Luni, comptable discret et effacé, passionné de canaris, et de la belle et troublante Teresa Confites, qui fait tourner la tête de plusieurs autochtones. Dominici retrouve aussi l’un de ses anciens camarades de résistance, l’écrivain américain Thomas Way, cousin graphique d’un certain Hemingway. Way est en chasse, traquant les sous-marins allemands qui, d’après lui, infestent les eaux mouillant La Havane…

Les personnages mis en place, la pièce peut commencer, révélant peu à peu agents doubles, coups fourrés et autres retournements de situation. Le scénario d’Ottavio De Angelis parvient sans trop d’effort à maintenir l’attention, l’enchaînement des péripéties étant plutôt bien rythmé et convoquant avec réussite l’esprit des films d’aventures et d’espionnage. En contrepartie, comme prisonnier d’une intrigue finalement faussement complexe, De Angelis peine à faire vivre pleinement ses personnages et le lecteur quittera l’album avec l’amère impression de n’avoir fait qu’effleurer ces existences. Même un personnage comme Way, sur le papier silhouette explosive et énergique, manque dans ses gestes et ses postures d’un sérieux aplomb et fait peu à peu pâle figure. La faute sans doute aussi à un dessin, certes soigné et baignant dans une jolie ambiance colorée aux tons pastel (couleurs d’ailleurs absentes de la première édition), mais plutôt sage et qui peine à s’engager totalement dans la bataille. Une lecture distrayante mais quelque peu dépassée.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 08/01/2008 )
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