Bande dessinée
Aventure de Jean-Louis Fonteneau , Matteo Simonacci et Roberto Ricci
Les Humanoïdes associés 2008 / 12.90 €- 84.5 ffr. / 46 pages
ISBN : 978 2 7316 8330 3
FORMAT : 24x32 cm
Pirates de l’Orénoque
Le petit marquis Gabriel de Boissy d’Aigremont est dans une sombre panade : capturé par des pirates qui veulent rançonner son géniteur, il attend, dans une barque retournée la délivrance, quelle qu’elle soit… Dans la même galère, on croise également Lina, une jeune Indienne et son grand père l’esprit jaguar, seuls survivants de leur tribu et captifs – esclaves même – des pirates. Et tout ce petit monde, englué dans les sables de l’Orénoque, attend, et le temps passe. Jusqu’à ce que Lina et Gabriel s’enfuient : drôle de couple, lui l’aristocrate méprisant, un peu couard, naïf et agaçant à la fois, elle la jolie sauvage qui connaît le delta comme sa poche, seule garantie de survie pour le nobliau égaré. Fuir les pirates, éviter les bandes d’esclaves en fuite, trouver son chemin dans une jungle liquide plus magique qu’il n’y paraît, hantée par des conquistadors et de mystérieux chevaliers, ainsi que par des fantômes primesautiers… Les aventures de Gabriel ne font que commencer.
Mélange détonnant de récit de piraterie, de conte fantastique et de ce « réalisme magique » cher à Jorge Luis Borges et Gabriel García Márquez, cet album original est d’abord dépaysant. Graphisme coloré, histoire étrange au tour de plus en plus onirique, rien ne se passe vraiment comme prévu et l’arrivée conclusive d’un fantôme n’est pas la moindre des péripéties fantasques de ce conte de guingois. Gabriel est un héros exaspérant, le genre qu’on aime bien voir tomber de mal en pis, en espérant qu’à la prochaine catastrophe, le damoiseau gagnera quelques points d’expérience. Petit marquis stéréotypé, il contraste avec la sage Lina, plus manipulatrice qu’il n’y paraît. Le scénario de Jean-Louis Fonteneau est d’abord fondé sur le lien qui unit deux êtres si dissemblables… dans un décor déroutant. Quant au graphisme de Matteo Simonacci et Roberto Ricci, il est très adapté au récit, mi-réaliste, mi-comique (notamment la collection de postures comiques et la gestuelle de Gabriel, qui contrastent avec la sensualité de Lina), non pas hésitant mais au contraire sur le fil du drame et du rire. Une série prometteuse.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/04/2008 )
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